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Comment les astronautes s'entraînent pour rester forts mentalement

L'astronaute de l'ASC Joshua Kutryk participe à l'expédition CAVES

L'astronaute de l'Agence spatiale canadienne (ASC) Joshua Kutryk (au centre) participe à l'expédition CAVES (Cooperative Adventure for Valuing and Exercising Human Behaviour and Performance Skills) en Slovénie en compagnie de cinq astronautes de quatre agences spatiales. Cette formation en milieu souterrain conçu par l'Agence spatiale européenne (ESA) permet aux astronautes de relever en milieu hostile certains défis semblables à ceux des missions spatiales de longue durée et de participer à des études scientifiques avec des équipes de recherche comme ils le font dans l'espace. (Source : ESAA. Romeo.)

Un séjour dans l'espace peut toucher la santé mentale des astronautes de plusieurs façons, et rester en bonne santé mentale est essentiel pour rester en sécurité et productif. C'est pourquoi les équipes au sol travaillent dur pour éviter toute urgence sanitaire physique ou mentale qui pourrait mettre en péril les astronautes, leur vaisseau spatial ou leur mission.

La préparation commence par le recrutement de personnes en bonne santé mentale, puis par des formations pour les aider à faire face aux situations et aux problèmes potentiels. Les astronautes répètent ces formations suffisamment souvent pour pouvoir anticiper leurs propres réactions et celles de leurs coéquipiers. Ils reçoivent également un soutien constant des équipes sur Terre et ils ont accès à un éventail d'outils pour les aider à faire face à des situations potentiellement difficiles.

Recruter des candidats mentalement sains

Pour devenir astronaute, il faut avoir un diplôme universitaire en sciences, en ingénierie ou en médecine, ainsi que des connaissances et une expérience approfondies. Les candidats doivent également satisfaire à des exigences médicales et psychologiques très strictes.

Les scientifiques ont relevé des caractéristiques clés à rechercher lors du recrutement des astronautes, comme la résolution de problèmes et l'autonomie. Ainsi, lors des campagnes de recrutement, ces qualités sont minutieusement évaluées, ainsi qu'un certain nombre d'autres, y compris :

Les candidats ont été soumis à des simulations de situations d'urgence ayant pour but de mettre à l'épreuve leur résilience et leur capacité de réflexion et de réaction sous pression. Ces évaluations permettent de déterminer s'ils peuvent gérer des situations intenses et stressantes dans des conditions difficiles semblables à celles rencontrées dans l'espace.

Grâce au processus de sélection, aucun problème lié à des troubles majeurs de l'humeur et de la pensée n'a été signalé jusqu'à présent lors de missions spatiales.

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Les candidats astronautes sont soumis à une procédure de recrutement très longue et approfondie. (Sources : ASC, NASA.)

« Les candidats se demandent sûrement pourquoi on les pousse à leur limite comme ça, physiquement et mentalement. La raison est simple : lorsque vous êtes à bout, lorsque vous en avez assez, lorsque tout ce que vous souhaitez c'est une pause, c'est à ce moment-là que le véritable test commence. »

L'astronaute de l'ASC David Saint-Jacques lors de la campagne de recrutement d'astronautes -.

Se fier à la science

Recruter des personnes mentalement fortes ne garantit pas que leur santé mentale ne sera pas atteinte pendant les missions. Les voyages dans l'espace ont un impact sur la santé mentale. Comme tout le monde sur Terre, les astronautes peuvent se sentir seuls, déprimés ou isolés.

En étudiant les astronautes lors de missions de longue durée à bord de la Station spatiale internationale (SSI), les psychologues ont relevé certains effets à long terme du séjour dans l'espace. Les astronautes suivent désormais une formation pour se préparer à plusieurs facteurs de stress.

Les experts ont également relevé plus de 100 affections médicales, dont l'anxiété et la dépression, qui pourraient survenir lors de missions sur la Lune et au-delà. Même s'ils pensent que ces deux conditions seront rares lors des missions dans l'espace lointain, les équipages doivent néanmoins s'y préparer.

La mission mars 500 était une expérience d'isolement psychosocial en vue d'un futur vol spatial vers Mars. La dernière phase de l'expérience a simulé une mission de 520 jours en Russie, y compris trois marches simulées sur Mars. L'équipage de volontaires avait une formation et des antécédents semblables à ceux des astronautes. Leurs systèmes de communication ont été conçus avec un retard moyen de 13 minutes, afin de simuler le temps réel de transmission vers et depuis un vaisseau spatial en direction de mars. L'un des participants a souffert de dépression, et les autres participants ont signalé des cycles de sommeil anormaux. Deux des participants les plus stressés et fatigués ont été impliqués dans 85 % des conflits entre membres d'équipage.

Préparer l'esprit à l'espace

[Vidéo] Robert Thirsk et David Saint-Jacques parlent de la formation qui prépare mentalement les astronautes

Vidéo YouTube - Robert Thirsk et David Saint-Jacques parlent de la formation qui prépare mentalement les astronautes. Travailler en milieu isolé, en orbite à 400 km d'altitude au-dessus de la Terre, comporte des formes de stress uniques. Les astronautes de l'ASC Robert Thirsk et David Saint-Jacques parlent de la formation poussée qui prépare mentalement les astronautes à surmonter ces difficultés. (Sources : Ingenium Canada, ASC.)

L'International Training Control Board (ITCB) détermine les connaissances, les compétences, les attitudes et les comportements que les astronautes doivent avoir. L'ITCB mandate ensuite la formation pour les missions spatiales. Essentiellement, les astronautes doivent acquérir ou améliorer les compétences suivantes :

Ces compétences sont importantes sur Terre aussi! Pensez à une situation où vous auriez pu utiliser certaines de ces compétences. As-tu déjà négocié avec un.e ami.e pour trouver une solution lors d'un conflit? Peut-être as-tu déjà dû choisir entre deux activités avec tes frères et sœurs et avez-vous pris en compte l'opinion de chacun, et les avantages et les inconvénients, avant de décider ensemble? Si tu fais partie d'une équipe sportive, as-tu déjà suivi le leader parce que tu avais confiance en son jugement, même si tu n'étais pas entièrement d'accord avec la décision qu'il ou elle prenait?

Jenni Sidey-Gibbons apprend à effectuer des sorties dans l'espace

L'astronaute de l'ASC Jenni Sidey-Gibbons est sur le point d'être descendue dans le Laboratoire de flottabilité nulle (NBL pour Neutral Buoyancy Laboratory) de la NASA à Houston. Le NBL est une piscine de 12 mètres de profondeur qui permet aux astronautes d'apprendre à effectuer des tâches lors d'une sortie dans l'espace. (Source : NASA/Josh Valcarcel.)

Il existe trois principaux types de formation utilisés pour se préparer mentalement aux missions.

Une partie de la formation suivie par les astronautes est individuelle, mais une grande partie est réalisée en équipe. L'objectif de la formation en équipe est de développer une coordination, un travail d'équipe et des relations efficaces au sein de l'équipe. La formation collaborative permet également d'établir la confiance entre les membres de l'équipe et facilite la gestion de la charge de travail et la communication.

Dans certains cas, l'équipe de soutien sur le terrain reçoit également la formation. Cela aide les membres de l'équipe dans l'espace et au sol à développer une cohésion et de bonnes compétences en matière de communication. Ainsi, les deux parties comprennent mieux l'environnement de travail et les défis de l'autre, ce qui est important pour le suivi et le maintien de la santé mentale.

Interrogé sur l'importance de faire de la formation dans un environnement hostile après son entraînement souterrain d'une semaine dans le cadre de la mission CAVES, l'astronaute de l'ASC Jeremy Hansen a déclaré : « Comme dans l'espace, il faut gérer beaucoup de risques. Vous êtes au fond d'une grotte; les secours sont loin; vous devez prendre soin de vous et de votre équipe; travailler ensemble; atteindre les objectifs scientifiques [...]. Nous envoyons six personnes à la station spatiale. Ils sont isolés. Ils sont pris dans une boîte de conserve pendant une longue période. Il n'est pas tout à fait confortable de vivre à bord de la SSI... Et en plus de tous ces risques, vous faites de la vraie science. Il y a toujours cette pression temporelle, et c'est exactement ce qu'ils essaient de créer pour nous ici. »

3 astronautes passent l'examen de qualification

L'astronaute de l'ASC David Saint-Jacques et ses membres d'équipage passent l'examen de qualification pour être certifiés pour une mission sur le Soyouz et une expédition à la SSI. (Source : NASA/Elizabeth Weissinger.)

Les façons autochtones de savoir

Le saviez-vous? L'ASC commence à intégrer le savoir autochtone, comme la roue de médecine, dans sa façon de mener ses recherches afin de mettre en place des pratiques de santé mentale plus solides pour les futurs astronautes. La roue de médecine représente l'alignement et l'interconnexion des réalités physiques, émotionnelles, mentales et spirituelles.

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L'astronaute de l'ESA Thomas Pesquet explique comment les astronautes gèrent la vie dans l'espace. Il décrit également l'expérience psychosociale canadienne At Home in Space. (Source : ASC, ESA, NASA.)

Formation continue

Tout comme le recrutement d'astronautes en bonne santé mentale ne peut garantir que des problèmes ne surviendront pas, la formation ne peut pas non plus tout prévenir. L'ancien astronaute de l'ASC Dave Williams a affirmé ceci : « En tant qu'astronautes, nous passons des milliers d'heures à faire de la planification et à suivre de la formation dans le cadre d'innombrables simulations, ce qui nous prépare pour à peu près tout ce qui peut arriver pendant une mission spatiale. Mais on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre jusqu'au jour J ».

C'est pourquoi les astronautes bénéficient de technologies, de stratégies et de soutien psychologique pour rester en bonne santé mentale tout au long de leur voyage.

En outre, les membres d'équipage font le suivi de leurs performances cognitives pendant les missions. Parfois, ils suivent des modules de formation pour aider à garder leur esprit vif et leur niveau de confiance élevé, et réduire leur niveau de stress.

Retour à la maison

Les études relatives à la psychologie du retour à la maison sont moins nombreuses. Cependant, les membres d'équipage et leurs familles continuent de recevoir un soutien psychologique après une mission. Cela permet aux astronautes de se réhabituer à leur vie de famille et de se préparer à de futures missions.

Tu peux aussi « t'entraîner » comme un astronaute!

Il n'est pas nécessaire de vivre dans une grotte pendant une semaine ou dans un laboratoire sous-marin pour s'entraîner comme un astronaute. Tu peux faire du camping sauvage! Le camping sauvage se déroule dans un endroit isolé, loin de la maison ou des zones aménagées, sans installations telles que l'eau courante ou l'électricité. Ton groupe de campeurs doit dépendre entièrement les uns des autres et de l'équipement apporté. La préparation est essentielle pour ce type d'expédition. Vous devez planifier soigneusement votre équipement, évaluer à l'avance les risques, les défis et les solutions potentiels. Par exemple, si un membre de l'équipe est gravement blessé, comment allez-vous gérer la situation sachant qu'une équipe de secours ne peut pas facilement arriver jusqu'à vous et que votre ami ne peut plus marcher? Et si toute votre nourriture pourrit? Si votre système de filtration d'eau tombe en panne? Si vous vous perdez et que vous n'avez pas de service de télécommunications cellulaires? Quel équipement devriez-vous emporter pour éviter ces situations? Quelle formation pouvez-vous suivre au préalable? Quels renseignements devriez-vous rechercher à l'avance? Pour préparer et mener à bien une telle expédition, vous utiliserez les mêmes types de compétences que les astronautes doivent utiliser dans l'espace, comme la résolution de problèmes, le travail d'équipe, la gestion du stress et l'autonomie. Tous ces éléments vous aideront à rester calme et posé, et à assurer votre sécurité et celle de votre équipe.

Jeremy Hansen participe à une expédition de formation en géologie

Vous parlez d'un camping sauvage! L'astronaute de l'ASC Jeremy Hansen a participé à une expédition de formation en géologie au cratère d'impact Haughton sur l'île Devon, au Nunavut, dans l'Extrême Arctique canadien. Lorsqu'il a communiqué cette photo sur Twitter, il a déclaré : « Mon chez-moi en isolation complète pour les huit prochains jours. Notre équipe a discuté de la nécessité de faire preuve de diligence, car le sauvetage n'est pas toujours possible. Au mieux, cela pourrait prendre huit heures. Au pire, cela pourrait prendre des jours. » (Source : ASC.)

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