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Des recherches canadiennes à la Station spatiale internationale pourraient changer la façon dont on traite l'anémie sur Terre

Des recherches révolutionnaires à bord de la Station spatiale internationale (SSI), soutenues par l'Agence spatiale canadienne (ASC) et dirigées par le Dr Guy Trudel, fournissent de l'information cruciale qui pourrait mener à de nouveaux traitements pour les patients atteints d'anémie.

« Les résultats de l'étude MARROW semblent pointer vers le mécanisme biologique à l'origine de l'anémie due à l'apesanteur », affirme le Dr Trudel, chercheur à l'Hôpital d'Ottawa et à l'Université d'Ottawa. « Cette découverte est fort prometteuse pour mon travail clinique à titre de médecin spécialisé en réadaptation puisque les effets de l'apesanteur sur l'organisme des astronautes et de l'inactivité sur celui de mes patients se ressemblent. »

MARROW, une étude canadienne menée à bord de la Station spatiale internationale, a exploré comment la moelle osseuse (le tissu spongieux à l'intérieur des os) et les cellules sanguines qu'elle produit changent dans l'espace. L'étude a mené à des résultats intéressants qui nous permettent de mieux comprendre l'anémie due aux vols spatiaux. (Sources : Agence spatiale canadienne, NASA, L'Hôpital d'Ottawa/Université d'Ottawa.)

Percer les secrets de l'anémie due aux vols spatiaux

Les chercheurs connaissent depuis des décennies le phénomène d'« anémie des astronautes » : plusieurs d'entre eux sont anémiques à leur retour sur Terre. Jusqu'à tout récemment, on croyait que c'était attribuable au déplacement des fluides dans l'organisme des astronautes au fil de l'adaptation au milieu de quasi-apesanteur de la Station. On pensait aussi que cette anémie se résorbait au bout de 10 jours environ dans l'espace.

Avec de l'équipement très sensible et en employant un tout nouveau procédé, le Dr Trudel a toutefois montré que ce type d'anémie n'était pas une affection temporaire causée par le déplacement des fluides. En fait, les résultats de ses recherches pointent dans une direction insoupçonnée.

Dans des conditions normales sur Terre, les personnes actives et en bonne santé fabriquent et détruisent des millions de globules rouges chaque seconde, selon un équilibre parfaitement au point. Les mesures (en anglais seulement) du Dr Trudel font voir que les astronautes atteints d'anémie perdent 54 % plus de globules rouges qu'en temps normal, tout au long de leur vol spatial de six mois, mais aussi pendant des semaines, voire des mois après leur retour sur Terre.

« Nous avons déterminé que, sur une longue période, le milieu spatial en soi provoque une dégradation des globules rouges plus importante que la normale », souligne le Dr Trudel.

Appliquer ses découvertes sur Terre

Dans le cadre de son travail clinique à l'Hôpital d'Ottawa, le Dr Trudel supervise la réadaptation des patients qui ont été alités ou qui sont inactifs depuis un certain temps. En général, ces patients souffrent d'anémie en raison de leur inactivité. Les anémiques ressentent de la fatigue et de la faiblesse, leur nombre de globules rouges étant insuffisant pour transporter assez d'oxygène jusqu'aux tissus.

Comme l'explique le Dr Trudel, l'apesanteur dans l'espace est comparable à l'inactivité de l'alitement sur Terre puisque, dans les deux cas, le corps ne travaille pas activement contre la gravité. De nombreux problèmes de santé peuvent s'ensuivre.

Toutefois, il ne suffit pas de savoir que ces facteurs provoquent une anémie pour trouver une solution. Le travail de détective du Dr Trudel consistera désormais à comprendre précisément pourquoi les globules rouges des astronautes sont détruits en si grand nombre dans l'espace.

« Avant de mettre au point des mesures préventives ou des traitements, il faut mettre le doigt sur le mécanisme de destruction des globules rouges, explique le Dr Trudel. S'il est le même sur Terre et dans l'espace, nous serons en mesure d'utiliser les traitements dans les deux contextes. » Selon lui, parmi les causes possibles, la plus probable serait un mécanisme faisant intervenir la moelle osseuse ou à la rate.

L'astronaute de l'ASC David Saint-Jacques et plus d'une douzaine d'autres astronautes à bord de la SSI ont fourni des échantillons de sang et d'haleine dans le cadre de l'étude MARROW. L'expérience visait à examiner de plus près les changements dans le sang et la moelle osseuse durant les vols spatiaux. (Source : NASA.)

Une partie d'un vaste corpus de recherche

L'étude MARROW du Dr Trudel est liée étroitement aux travaux financés par l'ASC qu'il mène dans le cadre d'une série d'études dites analogues. Ces études sont réalisées sur Terre, mais visent à reproduire les effets d'autres milieux, comme l'espace.

La participation du Dr Trudel à une étude analogue sur l'alitement réalisée dans la vallée alpine de Planica, en Slovénie permettra de vérifier son hypothèse selon laquelle la gravité artificielle, combinée à des exercices de résistance, aiderait à réduire le nombre de globules rouges que perdent les personnes alitées. Les résultats aideront les chercheurs à comprendre la façon dont on peut protéger la santé des astronautes en mission spatiale de longue durée. Ces précieuses données sont cruciales pour l'avenir de l'exploration spatiale puisque les astronautes seront appelés à s'aventurer encore plus loin de la Terre.

Chercheurs de l'expérience canadienne MARROW

Le Dr Guy Trudel (à droite) et Mme Odette Laneuville, Ph. D. (à gauche), deux chercheurs d'Ottawa, ont déterminé la mesure dans laquelle le milieu spatial modifie la moelle osseuse et le sang. (Source : Université d'Ottawa.)

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