Réponses à vos questions sur les rovers de l'Agence
Le , une équipe d'ingénieurs de l'Agence spatiale canadienne (ASC) a répondu en direct sur Reddit à vos questions sur les rovers de l'Agence.
Plusieurs sujets ont été touchés, dont la mission analogue d'exploration de la Lune menée par l'Agence de à . Cette mission a consisté en une série d'essais sur le terrain et une simulation de collecte d'échantillons avec le rover Juno.
Cette séance de questions sur Reddit a attiré plusieurs internautes. Si vous n'avez pas eu l'occasion d'y participer, voici le compte-rendu des réponses de nos experts.
- Pierre Allard (PA) : Ingénieur en robotique, spécialisé en système de contrôle au sol
- Chantelle Dubois (CD) : Ingénieure en informatique, ancienne stagiaire du Programme de perfectionnement de l'ASC
- Sébastien Gemme (SG) : Ingénieur en robotique, spécialisé en logiciels et vision artificielle
- David Gingras (DG) : Ingénieur en robotique, spécialisé en guidage, navigation et pilotage
- Natasha Jackson (NJ) : Ingénieure en robotique, spécialisée en mécanique
- Tom Lamarche (TL) : Ingénieur en robotique, spécialisé en électronique
- Martin Picard (MP) : Ingénieur principal en robotique
Questions des internautes et réponses de nos experts
Éléments techniques des rovers
Quel logiciel est utilisé pour la conception du rover et de la mission?
Le logiciel du rover utilisera de nombreuses bibliothèques. On cherche actuellement à utiliser la plateforme core Flight System créée par la NASA pour la gestion des différentes applications utilisées pour recevoir des commandes, collecter et transmettre des télémesures, gérer les télécommunications, contrôler les actionneurs, maintenir l'estimation de la localisation, effectuer l'acquisition d'images (en deux ou trois dimensions) et contrôler les charges utiles.
Pour le prototypage, on utilise le système d'exploitation de robot (ROS), car il offre de nombreuses fonctionnalités déjà intégrées qui rendent le prototypage rapide et facile. On utilise Apogy pour le système de contrôle au sol quand on teste nos prototypes dans des simulations sur Terre. – PA
Puis-je avoir quelques statistiques de base sur le rover? Les dimensions, le poids, les instruments qui s'y trouvent, etc. Sinon, est-ce que je peux au moins avoir une belle photo haute définition?
Le rover Juno dans sa configuration pour la Mission analogue d'exploration de la Lune (LEAD) a une masse totale de 445 kg qui comprend tout l'équipement monté. Le rover tient dans une boite rectangulaire de 1,6 m × 1,5 m × 2,1 m (L × l × h). Il est équipé de divers instruments et capteurs. Le bras robotisé est équipé d'un godet à dents avec grappin pour prélever des échantillons de sol ou de roche et les transférer dans une boite à échantillons embarquée. La suite de capteurs de perception comprend plusieurs systèmes de vision tels qu'une caméra laser (aussi appelée Détection et télémétrie par ondes lumineuses (lidar), une caméra stéréo, une caméra panoramique/inclinaison/zoom, trois caméras de conduite grand-angle ainsi que deux caméras dédiées à l'imagerie de la zone de travail du bras du robot. Voici une photo du rover et quelques descriptions de l'équipement de bord. – DG
Y aura-t-il des publications et des rapports sur le projet et les missions? Quelques questions en particulier sur les missions analogues : Le logiciel Apogy peut-il et va-t-il être adapté pour être utilisé dans l'espace et sur la Lune? Avez-vous également travaillé avec les groupes de l'ESA qui mènent des activités semblables, par exemple les missions Analogue-1 qui implique le Centre européen des astronautes (EAC) de l'ESA, le Conseil européen de recherches spatiales (CERS) et même les astronautes de l'ESA à la Station spatiale internationale, ou même les travaux relatifs à l'interface homme-ordinateur robotisée menés par le EAC et le CERS?
Deux documents ont été présentés très récemment lors de la conférence iSAIRAS . L'un d'eux décrit la réalisation globale de la LEAD et les résultats associés, tandis que le second se concentre sur la description du sous-système de traitement des échantillons. N'hésitez pas à y jeter un coup d'œil pour en connaitre les détails. Beaucoup de (bon) travail a été consacré à ce projet et on a fait un effort raisonnable pour essayer de condenser tout ce qu'on a fait et appris dans ces articles :
- Lunar Exploration Analogue Deployment (Lead): Overview of the - Robotic Sample Return Mission Simulations (en anglais seulement, PDF 1 140 ko)
- Sample Handling Subsystem (Shs): Concept Demonstration for a Lunar Sample Return Mission (en anglais seulement, PDF 4 610 ko)
– TL
Apogy pourrait en effet être utilisé dans un contexte de l'espace ou de la Lune. Le cadre d'Apogy a été créé explicitement pour différentes missions spatiales. Plusieurs environnements et des modules pour modéliser la Lune et sa surface ont été ajoutés récemment. – PA
On n'a pas directement participé aux activités que vous évoquez, mais on en est conscients et l'ASC a des interactions régulières avec les partenaires de la famille de l'ESA. La réalisation de la LEAD était en fait une collaboration directe avec l'ESA et son activité HOPE. Ce sont certainement des sujets d'échange intéressants pour notre groupe. – TL
Bonjour. Quelles sont les caractéristiques de votre matériel? Ordinateurs. Vos systèmes sont-ils en réseau et peuvent-ils théoriquement être piratés? Utilisez-vous l'apprentissage automatique? Merci.
Pour les projets de mission, on utilise des architectures basées sur l'ARM et le Power PC avec une matrice prédiffusée programmable par l'utilisateur. Ces processeurs ont l'avantage de fournir un bon compris pour la puissance de traitement par watt. La majorité des plateformes qu'on utilise sont entièrement conçues pour résister aux rayonnements, mais parfois, on doit échanger la résistance au rayonnement contre la puissance de traitement et on utilise des processeurs résistants aux rayonnements, ce qui signifie qu'ils ne seraient pas facilement endommagés par les rayonnements, mais pourraient de temps en temps se réinitialiser en raison de perturbations, par exemple, lorsqu'une particule à haute énergie frappe la carte et provoque un court-circuit dans les composants électroniques.
Quant à la mise en réseau, nos systèmes sont accessibles depuis le sol, depuis divers sites, grâce à un lien de communication sécurisé avec différents niveaux de pare-feu; ils pourraient théoriquement être piratés, donc, la sécurité informatique est prise très au sérieux dans les programmes de vol. En ce qui concerne l'apprentissage automatique, on commence à étudier les applications de l'apprentissage machine pour les composantes au sol et en orbite. La composante en orbite est plus difficile en raison du choix limité de matériel disponible, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire fonctionner une carte graphique haut de gamme sur un vaisseau spatial parce qu'une telle carte graphique qu'on utilise sur Terre consomme plus d'énergie que la quantité totale d'énergie disponible sur le vaisseau spatial. – SG
Le rover peut-il détecter automatiquement les obstacles? Dans l'affirmative, quels sont les algorithmes utilisés? Peut-il éviter les obstacles par lui-même ou nécessite-t-il des opérations manuelles?
Oui, on utilise une série de capteurs qui fournissent une perception de la profondeur, pour détecter les obstacles, à savoir des lidars et des caméras stéréo. Pour les lidars, un algorithme analyse le nuage de points dans les trois dimensions pour évaluer les obstacles et produire une carte de terrain traversable. Pour les caméras stéréo, on peut travailler sur le nuage de points ou sur la carte de disparité. Ces renseignements sont ensuite utilisés par le logiciel d'autonomie du rover à des fins de planification du trajet ou de détection d'obstacles inattendus. Par exemple, en cas d'obstacle imprévu, le rover s'arrête et attend une intervention en mode manuel de la part de l'opérateur. Toutefois, en mode autonome, le rover s'arrêterait et planifierait un autre chemin, en tenant compte de ce nouvel obstacle. – SG
Oui, Juno dispose d'un logiciel embarqué qui permet des capacités de navigation autonomes. Les opérateurs commandent une destination à atteindre qui pourrait se trouver au-delà de l'horizon de détection du rover. Ce logiciel s'appuie sur des nuages de points denses dans les trois dimensions acquis à l'aide du lidar pour détecter l'environnement du rover. Une évaluation du terrain est effectuée à partir des nuages de points : les zones à risque sont marquées comme dangereuses et les régions plutôt uniformes, comme sûres. Ensuite, un trajet sans collision de 6 m de distance au plus est planifié. Le rover suivra cette trajectoire sûre en s'appuyant sur son système de contrôle de trajectoire embarqué pour atteindre une destination intermédiaire. Une fois qu'elle est atteinte, un autre balayage avec le lidar est effectué et la boucle de planification et de déplacement se répète jusqu'à ce que le rover atteigne la destination commandée. En théorie, en mode de navigation autonome (Autonav), le rover n'a généralement pas à réagir à un danger inattendu puisqu'il analyse et planifie soigneusement ses déplacements autour des obstacles. Mais dans la réalité, les capteurs de vision ne sont pas parfaits et les algorithmes sous le capot reposent sur des hypothèses. Il arrive donc parfois que le rover analyse mal le terrain et qu'il doive s'arrêter automatiquement à mi-chemin parce qu'un danger inattendu se trouve sur sa route. C'est grâce à la caméra stéréo, qui évalue en continu à une fréquence de 5 Hz si le terrain devant le rover est traversable. Quand un obstacle est détecté, le rover applique automatiquement un frein d'urgence et reprend sa boucle Autonav. Il ferait alors un balayage avec le lidar pour « voir » l'obstacle. Il planifierait ensuite un trajet autour, et reprendrait son déplacement vers la destination définie par les opérateurs. – DG
Quel rôle joue actuellement l'apprentissage machine dans votre système de navigation autonome?
Actuellement, l'apprentissage machine n'est pas utilisé pour la navigation des rovers, on utilise des méthodes traditionnelles. Ces méthodes soutiennent actuellement le concept des opérations qu'on doit mettre en œuvre. Cependant, l'apprentissage machine intéresse l'ASC et on envisage de l'intégrer à terme dans notre écosystème de navigation autonome. Par exemple, on est actuellement en train de créer le prototype d'un système qui utilise l'apprentissage profond pour effectuer l'évaluation du terrain. – SG
Quel type de suspension utilise-t-il? Merci pour l'initiative!
Ce rover est doté d'une suspension passive qui permet aux unités motrices des deux côtés (« bogies ») de pivoter autour d'un axe central. Cela garantit que les quatre roues sont continuellement en contact avec le sol afin de maximiser la traction et la stabilité. Cela permet également de faire la moyenne de l'inclinaison du châssis lorsque les roues montent et descendent des obstacles. Comme cette architecture de suspension est passive (par exemple, pas d'actionneurs, pas de contrôle actif), et ne nécessite pas de ressorts ou d'amortisseurs, elle conserve une conception aussi simple que possible, ce qui rend cette approche très fiable et on assure un meilleur cheminement vers le lancement. – TL
Quel rôle joue Juno dans l'ensemble du programme Artemis?
Juno est un prototype de rover terrestre qui a été utilisé dans de nombreuses missions et essais analogues différents sur Terre. Le Canada pourrait éventuellement utiliser la technologie créée pour Juno dans un rover de mission, notamment la technologie créée pour sa transmission (roue, suspension, moteurs). – MP
Quels sont les défis mécaniques que votre équipe a dû surmonter dans la création du rover? Par exemple, en testant la résistance de divers matériaux et différentes conceptions pour la construction?
Comme pour toutes les missions spatiales, les contraintes de masse ont une incidence sur la plupart de la conception. Toutes les structures doivent être légères tout en étant suffisamment robustes pour supporter l'environnement difficile du lancement (vibrations). Les matériaux structurels à utiliser seront très probablement des alliages d'aluminium, le titane et éventuellement des fibres de carbone.
Comme le lancement est de loin l'environnement le plus difficile, la conception mécanique du rover n'aura aucun problème à résister à la gravité terrestre pendant les tests. Les moteurs et les boites de vitesses seront dimensionnés en fonction de la gravité de la Lune, ce qui, en situation de gravité terrestre, réduira les performances du rover dans les côtes.
L'environnement thermique sur la Lune est très difficile, surtout lorsqu'il s'agit de résister à la nuit (qui dure près de deux semaines!). La résistance nocturne consistera à maintenir certaines parties du rover (les batteries par exemple) à une température plus élevée que la nuit glaciale de la Lune, ce qui nécessitera un chauffage actif. Comme les piles ont une capacité limitée, le volume qui doit être chauffé (le boitier électronique chaud) doit être aussi petit que possible et bien isolé. La même conception doit également permettre de rejeter l'excès de chaleur lorsque le rover fonctionne pendant la journée en plein soleil. C'est un peu comme essayer de concevoir un manteau d'hiver qui vous garde au chaud au plus froid de l'hiver tout en vous gardant au frais au milieu de la chaleur étouffante d'une journée d'été. – PA
Les caméras de conduite de Juno sont-elles des caméras IP PTZ standard? Si oui, comment gérez-vous le retard associé d'environ 4 secondes sur le flux RTSP?
On utilise en fait des caméras IP, qui ne sont pas diffusées en continu, mais interrogées à faible débit, par exemple une image par seconde, afin d'économiser la bande passante. Il n'y a pas de retard perceptible quand on regarde l'image. On insère cependant artificiellement un retard de communication, d'environ cinq secondes, pour simuler le retard de communication entre la Terre et la Lune. – SG
Utilisez-vous le ROS sur Juno? Par hasard, utilisez-vous OpenMCT?
On utilise ROS sur Juno (qui, je voudrais rappeler à tout le monde, est un prototype de rover, donc pas un modèle de mission!). Au lieu d'OpenMCT, on utilise Apogy, créé par notre collègue Pierre Allard. – CD
On utilise ROS et Apogy depuis de nombreuses années (voir le site de l'ASC sur la simulation de mission de retour d'échantillons martiens et la Mission analogue d'exploration de la Lune) pour intégrer des capteurs et des bras robotisés aux rovers. – PA
Quel type de communication utilisez-vous uniquement sur Juno? Le WiFi uniquement?
On utilise localement le WiFi pour communiquer avec le rover Juno. Toutefois, quand le rover est envoyé dans une zone éloignée, on utilise une liaison de communication Internet par satellite ou un réseau cellulaire pour communiquer avec l'infrastructure WiFi du site éloigné, auquel le rover Juno est connecté. – SG
Joli rover! Beaucoup de similitudes avec notre Juno. Par exemple, il utilise la même architecture de suspension passive. – TL
Commentaire du participant : Merci! Je viens de terminer le codage de l'entrainement différentiel et j'ai également mis au point un système de contrôle de l'informatique en nuage pour celui-ci; tant que le rover dispose d'un accès à Internet, je peux le télécommander de n'importe où.
Les caméras de sécurité sur le rover sont-elles commerciales?
Le rover Juno est un prototype terrestre qu'on utilise pour tester des concepts de fonctionnement. Donc oui, quand on a dû mettre des caméras sur le rover pour obtenir des images, on a choisi des caméras de sécurité offertes sur le marché. Ces dernières sont généralement très simples à intégrer, mais elles n'ont pas de « cheminement » jusqu'à la qualification comme matériel spatial. Pour des applications plus avancées telles que la perception tridimensionnelle, on utilise des caméras scientifiques de haute qualité. – DG
La Lune
La poussière sur la Lune est-elle un défi pour un rover lunaire? Si oui, quelles mesures ont été prises pour limiter ces difficultés?
OUI! C'est un défi important. La poussière lunaire est très abrasive et s'attaque aux pièces mobiles. Elle a également tendance à se charger d'électricité statique et peut adhérer à des surfaces comme les panneaux solaires, les radiateurs et les lentilles des capteurs.
Pour l'atténuation, on doit prêter une attention particulière aux joints d'étanchéité du matériel (ainsi qu'aux espaces tortueux à la jonction entre les pièces), dimensionner nos systèmes pour qu'ils fonctionnent encore après avoir été dégradés par la poussière (par exemple surdimensionner les panneaux solaires au début d'une mission pour faire face aux réductions de puissance au fil du temps, prévoir une augmentation du frottement dans les systèmes de locomotion), et on a beaucoup travaillé sur la création de roues qui rouleront longtemps sur la surface lunaire. On effectue également des tests de durée de vie prolongée d'éléments tels que le groupe motopropulseur dans des environnements poussiéreux afin de déceler tout point faible potentiel dans la conception.
Des systèmes de répulsion active ont également été testés pour enlever la poussière sur les radiateurs ou les panneaux solaires. – NJ/MP
Quand peut-on s'attendre à ce que le rover se pose sur la Lune?
L'ASC s'affaire à planifier l'envoi d'un petit rover (env. 30 kg) sur la Lune d'ici dans le cadre de son Programme d'accélération de l'exploration lunaire. – MP
Quels défis mécaniques a-t-il fallu relever pour compenser l'environnement de faible gravité de la Lune?
En fait, la faible gravité lunaire est d'une grande aide à la mobilité sur la surface. Étant donné qu'elle n'est que d'un sixième de celle de la Terre, il faut donc moins d'énergie pour déplacer le rover. C'est un très grand avantage. Un autre avantage est que la structure du rover supporte également une gravité réduite, cependant il est difficile de tester sur Terre un rover optimisé pour la Lune. – MP
À quelles questions espérez-vous répondre avec ce rover et la mission de retour d'échantillons lunaires en général?
Le rover serait utilisé pour rapporter des échantillons à un vaisseau d'ascension qui rapporterait ensuite ces échantillons sur Terre. Les scientifiques examineront ensuite ces échantillons de la même manière que ceux qui avaient été prélevés par les missions Apollo. Le but est de comprendre la formation de la Lune et aussi de définir les possibles ressources qui pourraient être utilisées pour y installer une base habitée. – MP
L'ASC en général
Dans quelle mesure travaillez-vous en étroite collaboration avec d'autres agences spatiales (par exemple la National Aeronautics and Space Administration (NASA), l'Agence spatiale européenne (ESA) pour vos travaux, et comment la COVID-19 a-t-elle eu une incidence sur la collaboration internationale?
On a un certain nombre de projets avec d'autres partenaires internationaux dans le monde entier, comme la NASA, l'ESA, l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise. Avec la COVID-19, on a dû éliminer les déplacements et les réunions en personne, ce qui implique de travailler à distance par Internet et de devoir également assister à des réunions parfois assez tôt le matin ou plus tard le soir, mais on continue à travailler ensemble et à échanger nos idées sur la situation. – MP
Le Canada a-t-il une agence spatiale ou sa propre fusée, ou si pour aller dans l'espace, il s'associe à un autre pays? Dans ce cas, à quel pays?
Le Canada a une agence spatiale ;-) qui s'appelle l'« Agence spatiale canadienne ». On s'associe à des entités internationales pour coordonner et négocier le lancement de nos vaisseaux spatiaux. Par exemple, la mission de la Constellation RADARSAT a été lancée par SpaceX aux États-Unis. Il n'y a pas de lancements actuellement à partir du Canada. – CD
Pas encore! SpaceQ, un média canadien qui couvre le secteur spatial, tient un bon registre des efforts consacrés par diverses entités indépendantes aux capacités de lancement au Canada. – NJ
Quel est le meilleur moyen pour le Canada de promouvoir ses intérêts dans l'espace s'il n'a pas de capacités de lancement? On a constaté ces quatre dernières années que chez notre partenaire traditionnel, rien ne pouvait être considéré comme solide ou fiable à long terme. Serait-il temps pour le Canada d'investir dans sa propre base de lancement ou d'apporter son soutien et son partenariat à une initiative existante?
Transports Canada est responsable des activités de lancement de fusées au Canada. Pour l'instant, le Canada a décidé de tirer parti des capacités de lancement nationales et commerciales existantes dans le monde entier. Bien que le gouvernement du Canada n'ait pas investi dans une base de lancement canadienne, on est encouragés de constater l'intérêt commercial d'un tel développement.
L'offre de lancements dans un marché ouvert? Cela semble être une excellente raison pour perfectionner cette capacité ici! Est-ce que je peux poser une autre question sur le même sujet? Toute éventuelle base de lancement canadienne devrait-elle se situer sur la côte Est (comme celle proposée pour les services de lancement maritime)? Ou, pour nos besoins, est-ce qu'un site à l'ouest de la baie d'Hudson ou sur la côte Ouest serait faisable et sûr?
L'industrie du lancement devient un marché très ouvert. Les responsables d'une mission achètent un « aller » sur une fusée, en traitant directement avec les fournisseurs de lancement (par exemple SpaceX) pour la majorité des plateformes en orbite terrestre maintenant. Comme pour l'affrètement d'un avion… Grosso modo.
Les missions lunaires commencent à s'ouvrir de cette façon aussi avec le programme américain CLPS.
Au-delà, eh bien, on travaille avec de nombreux partenaires et tout le monde travaille à des objectifs d'exploration communs.
Une capacité de lancement locale serait formidable, et certaines entreprises travaillent dans ce sens. Il s'agit d'abord de devenir une entreprise commerciale. – NJ
Je pense bien qu'il est souhaitable de lancer des fusées au-dessus de l'océan et non au-dessus de la terre ferme, mais je ne suis pas du tout un expert sur la question. Il me semble que la côte Est serait préférable, mais c'est là juste un point de vue. Je cède la parole à mes collègues, s'ils veulent ajouter quelque chose. – CD
Oui, la côte Est serait certainement le meilleur endroit pour installer une base de lancement canadienne. C'est bien en dehors du champ d'expertise de notre groupe, mais on peut penser que les deux autres sites permettraient bien peu de trajectoires de lancement acceptables. Les limites de la base aérienne Vandenberg sont connues : la situation serait probablement la même sur la côte Ouest, mais avec moins de flexibilité en ce qui concerne les inclinaisons orbitales. Par ailleurs, si on lance à partir de la côte Est, la rotation de la Terre peut contribuer à l'accélération, dont on peut profiter au-dessus de l'Atlantique. – NJ
Nos experts et les carrières dans le domaine spatial
Je veux travailler pour l'ASC depuis que j'ai commencé mes études de premier cycle, mais après de nombreuses demandes restées sans réponse, j'ai en quelque sorte abandonné. Est-il plus facile de passer d'une autre agence à l'ASC ou comment la plupart des gens s'y prennent-ils pour y obtenir un emploi?
La recherche d'un emploi en début de carrière peut être difficile. J'ai aussi souvent postulé des emplois pour lesquels je n'ai jamais reçu de réponse. Je vous recommande vivement de continuer à postuler, et de présenter votre candidature pour tout ce qui vous intéresse et pour lequel vous êtes qualifié. On annonce chaque année de nombreux postes pour étudiants qui sont évalués par différents responsables du recrutement qui recherchent des compétences très différentes. Vous pouvez toujours trouver ce qui vous correspond.
Une fois votre diplôme obtenu, vous pouvez entrer directement à l'ASC ou être transféré depuis un autre ministère. La majorité des offres d'emploi sont publiques, et tout le monde (dans une autre agence gouvernementale ou non) soumet sa candidature de la même manière. Comme Chantelle l'a mentionné dans une autre question, c'est une excellente idée de créer un compte sur le site Web du gouvernement du Canada consacré à l'emploi. Vous pouvez ajouter des filtres pour les notifications quotidiennes (des filtres comme « ASC », « ingénieur »).
En dehors de cela, continuez à acquérir de l'expérience : assistez à des conférences, réalisez des projets, trouvez des emplois qui vous permettront de perfectionner des compétences transférables. Vous pouvez continuer à progresser pour obtenir un emploi à l'ASC ou dans le secteur spatial de plusieurs façons.
Autre chose à laquelle il faut penser : l'ASC réalise la majorité de ses programmes en faisant appel à des entreprises canadiennes pour l'élaboration de technologies et de matériel. Vous pouvez travailler sur les programmes de l'Agence, généralement dans un rôle technique plus pratique, par l'intermédiaire de ces entreprises. Une expérience de travail dans le secteur spatial canadien serait également un atout dans votre CV si vous trouviez la bonne occasion à l'Agence. – NJ
Comment avez-vous pu apprendre et devenir des experts en robotique spatiale, si la majorité des formations habituelles en génie, en informatique et en robotique ne couvrent pas ce domaine? Y a-t-il des ressources que vous recommanderiez? Comment un étudiant peut-il participer en tant que stagiaire, comme Chantelle l'a fait dans le cadre du programme de stages? Ce programme existe-t-il encore?
Au sujet d'une participation comme stagiaire, l'ASC annonce directement les possibilités de stages dans les programmes universitaires de coopération au Canada et embauche occasionnellement dans le cadre du PFETE. Vous pouvez demander à votre bureau du programme coopératif s'il peut contacter l'ASC pour établir une relation si elle n'existe pas déjà. Pour le PFETE, vous pouvez ajouter votre profil à tout moment, bien qu'il soit un peu aléatoire de prédire quelle entité gouvernementale recevra votre demande.
Pour le Programme de perfectionnement des ingénieurs, l'offre d'emploi est ouverte tous les deux ou trois ans et est publiée sur le site Web du gouvernement du Canada. Je recommande de créer un compte et d'ajouter des filtres pour les notifications quotidiennes (des filtres comme « ASC », « ingénieur »). Ce programme s'adresse aux ingénieurs récemment diplômés et encore au niveau junior.
Sur la façon d'obtenir une formation axée sur l'espace bien que les programmes de génie habituels ne l'offrent pas, rejoindre ou créer des équipes de conception pour les nanosatellites ou la robotique est un bon moyen. Sinon, de nombreux ingénieurs débutants se joignent à l'ASC avec peu d'expérience dans le domaine spatial et acquièrent les connaissances et compétences spécialisées au fur et à mesure. Je pense qu'il est plus facile d'être simplement un très bon ingénieur en informatique, en mécanique ou en électricité et de savoir ensuite comment adapter ces domaines à celui de l'espace. Vous pouvez également essayer de choisir des projets intégrateurs liés à l'espace ou poursuivre une maitrise axée sur les applications spatiales. Je n'ai pas étudié le génie informatique spatial, seulement le génie informatique ordinaire. Mais je faisais partie d'une équipe chargée de nanosatellites, ce qui m'a permis de comprendre les incidences des applications spatiales sur le travail de génie informatique. – CD
Qui sont les personnes du centre de contrôle de la robotique (ou de l'équipe au sol) et comment doit-on suivre un plan de carrière pour faire partie de l'équipe? Ou plus précisément, sur quoi est-ce que je devrais me concentrer après avoir obtenu mon diplôme d'ingénieur en aérospatiale si je veux travailler dans le domaine du contrôle de mission?
Dans chaque film sur l'espace, l'équipe que vous voyez dans la salle de contrôle classique de la mission regroupe des spécialistes, probablement des ingénieurs (la proportion dépend du déroulement de la mission). Il n'y a pas de modèle ou de parcours éprouvés pour accéder à ces rôles. Certaines de ces personnes travaillent pour l'entreprise qui a construit le robot ou le vaisseau spatial qu'elles commandent (les entrepreneurs) et sont là parce qu'elles connaissent bien le système et savent comment l'utiliser. D'autres sont formées spécifiquement pour être opérateurs de vol ou dynamiciens de vol. Je pense qu'il est plus facile d'accéder à ces rôles après avoir occupé un poste dans un domaine comme la conception technique des systèmes, ou si vous participez d'une manière ou d'une autre à la construction du vaisseau spatial. Cherchez par exemple Kristen Facciol sur Twitter : elle est l'un de nos contrôleurs de vol et elle publie beaucoup sur son travail! Elle s'est rendue à Houston pour s'exercer pendant plus de deux ans à commander le Canadarm2. Je crois qu'elle a travaillé auparavant chez MacDonald, Dettwiler and Associates Ltd. (MDA) comme ingénieure système. – CD
Quelle est votre formation d'ingénieur? Je suis un ingénieur de fabrication junior, diplômé en génie mécanique, et je fabrique des prototypes d'engrenage de précision pour de grandes entreprises de véhicules électriques, mais j'aimerais bien un jour travailler dans l'industrie astronautique!
J'ai une formation en génie logiciel et une maitrise spécialisée en vision par ordinateur. – SG
J'ai obtenu un baccalauréat en génie informatique à l'Université du Manitoba. Mon travail à l'ASC concerne les logiciels de robotique, les logiciels de la composante au sol et la conception technique des systèmes. J'ai aussi un peu tâté de la politique (spatiale) auparavant. – CD
J'ai un diplôme technique en électronique industrielle et un baccalauréat en génie électrique. Je me suis vraiment intéressé à la robotique à l'ASC et, à temps partiel tout en travaillant à plein temps à l'Agence, j'ai décroché une maitrise en génie électrique spécialisée en détection lidar pour la navigation des rovers. – TL
J'ai un baccalauréat en génie aérospatial de l'Université Carleton, avec une spécialité en conception de systèmes spatiaux. J'ai travaillé dans le domaine de l'ingénierie d'essai et de conception dans l'industrie aéronautique avant de me joindre à l'ASC. On dirait bien que vous faites l'acquisition d'une expérience géniale. Je pense que tout le monde est gagnant quand il peut y avoir un transfert de connaissances entre les industries. Peut-être vous reverrons-nous dans celle de l'astronautique un jour. – NJ
J'ai un baccalauréat et une maitrise en génie électrique. Mon mémoire de maitrise portait sur la perception par les rovers et la planification de leurs mouvements. – DG
Alors, cherchez-vous un soudeur? Je demande juste pour un ami…
Vous savez, on a un atelier de prototypes… L'ASC emploie des techniciens pour travailler dans son atelier d'usinage, dans la fabrication électronique, et pour assurer la maintenance des rovers et d'autres rôles. On n'est pas tous des ingénieurs et des scientifiques ici (on a des gens dans les finances, l'administration, les communications et dans bien d'autres rôles également d'ailleurs). Les postes de techniciens sont assez rares : c'est un groupe plus petit, mais vous les trouverez également sur la page des emplois du gouvernement du Canada et vous pouvez configurer des notifications pour le groupe EG. – NJ
Divers/informations amusantes
Comment est la nourriture de la cafétéria de l'ASC? Y a-t-il une phrase secrète que vous donnez au personnel de cuisine pour les « bonnes choses »?
Je pense personnellement que c'est vraiment bon! Et abordable. J'y prenais souvent du café. Si vous êtes vraiment gentil avec tout le personnel, ils vous reconnaitront et vous donneront probablement les bonnes choses;) Je suis reconnaissant qu'ils aient toujours au moins une option végétarienne au menu chaque jour. Cela me manque de manger avec mes collègues là-bas. – CD
L'administration centrale de l'Agence est à Longueuil, au Québec. Le Québec est connu pour son sirop d'érable et il y a une journée « cabane à sucre » où l'on peut prendre le traditionnel petit-déjeuner de cabane à sucre arrosé de ce sirop. – NJ
Très belle cafétéria avec beaucoup de choix et de grandes journées thématiques. – MP
Je reconnais que la nourriture est (ou était avant le confinement dû à la COVID-19!) assez bonne et abordable. Il y a cependant eu une période sombre, il y a de nombreuses années, où la qualité était plutôt médiocre, mais heureusement, c'est une chose du passé. Je ne pense pas qu'il y ait un truc secret pour obtenir les « bonnes choses », à part d'être gentil avec le personnel de la cafétéria, mais si quelqu'un sait quelque chose que je ne sais pas, s'il vous plait, dites-le-moi! – TL
Compte tenu de tous les problèmes et défis que vous avez dû surmonter pour que tous les rovers puissent atteindre de tels sommets, quel est, selon vous, le projet qui vous a le plus amusé jusqu'à présent et qui reste à venir?
Pour moi personnellement, la joie de voir quelque chose que j'ai écrit (un logiciel) faire ce que je veux qu'il fasse, d'apprendre de mes collègues, de partager les réussites ensemble. C'est ce qui est le plus amusant. Je pense qu'on aime tous beaucoup notre travail. J'ai une histoire à raconter sur Sébastien : une fois, on était sur le « terrain de Mars » à tester le rover et, de but en blanc, il m'a demandé « connais-tu le mot trouser? ». Il avait aidé ses enfants à faire leurs devoirs d'anglais et il n'avait jamais vu ou entendu ce mot auparavant. Je ne sais trop pourquoi, mais cette question complètement inattendue m'a fait mourir de rire : je pense que j'ai ri pendant cinq minutes. – CD
Cela a été vraiment formidable de voir tous les sous-systèmes sur lesquels on a travaillé pendant longtemps converger en une mission analogue complète réalisée avec nos partenaires internationaux et qui s'est révélée un véritable succès! – MP
Pour moi, les défis et les innombrables heures passées à essayer de faire converger les choses de « est-ce qu'il y a un moyen de faire ça? » vers quelque chose qui fonctionne vraiment, c'est ce qui, au final, apporte cette poussée de satisfaction, quand on y arrive enfin : quelqu'un clique sur quelques boutons, le rover fait son truc comme si de rien n'était, comme si c'était facile (mais on sait très bien que ce qui se cache derrière ne l'est pas). – TL
Poursuivez l'exploration
- Date de modification :