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Questions et réponses avec David Saint-Jacques

Qu'est-ce qui a motivé David Saint-Jacques à devenir astronaute? Quel est le meilleur conseil professionnel qu'il ait jamais reçu?

Espace et exploration

  • Pourquoi vouliez-vous devenir astronaute?

    Enfant, j'ai été impressionné par les photos de la Terre prises depuis la Lune. J'y ai vu l'immensité de l'Univers autour de nous, la splendeur et l'évidente fragilité de notre planète. En grandissant, j'ai été attiré par une vie d'aventure, d'exploration et de découvertes. Je ne pensais pas que devenir astronaute était une réelle possibilité, mais la fascination pour l'espace est demeurée en moi, et ce rêve d'enfant m'a motivé à m'épanouir comme être humain. J'ai voulu tout apprendre, tant les sciences que les cultures du monde. Pour être un explorateur, je devais aussi devenir un adulte responsable et digne de confiance. Les occasions de découvertes se sont présentées sous toutes sortes de formes : par la science, la médecine, la vie à l'étranger. Lorsque j'ai appris un jour qu'on recrutait des astronautes, le rêve est revenu, et le petit garçon de jadis m'a convaincu de poser ma candidature.

Travail et études

  • Qu'est-ce qui vous a motivé à étudier dans vos domaines?

    Comprendre : voilà ma motivation principale. Ce besoin fondamental a guidé mon parcours universitaire et professionnel. Curieux de nature, j'ai toujours voulu aller au fond des choses et aussi au-delà des livres et de la théorie, attiré par la découverte et l'aventure.

    Comme mon père et mon grand-père, j'ai d'abord étudié le génie – je voulais comprendre « comment les choses marchaient »! Je porte toujours fièrement mon jonc d'ingénieur.

    J'ai ensuite étudié l'astrophysique pour comprendre l'Univers… D'où venons-nous? Qu'y a-t-il au fond du ciel nocturne?

    Après une dizaine d'années d'études et de travail à l'étranger, j'avais muri et j'ai voulu revenir au Québec pour y jouer un rôle social plus direct. Je me suis lancé dans des études de médecine afin de mieux comprendre l'humain.

  • Quel était votre emploi précédent?

    J'étais médecin de famille au Centre de santé Inuulitsivik à Puvirnituq, une collectivité inuite sur les rives de la baie d'Hudson. Également chargé d'enseignement clinique pour l'Université McGill, je supervisais les étudiants et résidents en stage au Nunavik.

    Avant d'être médecin, j'ai travaillé comme astrophysicien à Cambridge (Royaume-Uni), à Tokyo (Japon), à l'observatoire de Mauna Kea, à Hawaï, et dans le groupe d'astrophysique de l'Université de Montréal.

    Et avant l'astrophysique, à titre d'ingénieur pour une PME québécoise, j'ai participé à la conception d'équipement de radiologie destiné à l'angiographie à l'hôpital Lariboisière de Paris, en France.

  • Qu'aimiez-vous le plus de votre emploi et de quelle manière vous a-t-il préparé pour une carrière d'astronaute?

    Les métiers que j'ai pratiqués m'ont, chacun à leur manière, bien préparé à une mission spatiale.

    La médecine en région isolée est un travail d'équipe où il nous faut résoudre des problèmes complexes avec des moyens limités. Comme dans le domaine de l'exploration spatiale, tout le monde est passionné et dévoué à sa tâche : premiers répondants, médecins, infirmières, pilotes d'ambulance aérienne. On apprend à travailler ensemble et à avoir confiance au point où l'on peut, sans hésitation, mettre notre vie entre les mains de nos collègues.

    Mes années comme astrophysicien m'ont appris la rigueur de la recherche et la joie de la découverte scientifique, dans des observatoires du monde entier, au sein d'équipes internationales déterminées à repousser les limites des connaissances.

    Du métier d'ingénieur, j'aime surtout le côté créatif et la satisfaction de trouver une solution à un problème pratique si élégante, si fiable et si ergonomique qu'on finit par oublier sa présence. Lorsque l'ingénieur a bien fait son travail, ça marche et c'est tout!

    Finalement, que ce soit au Nunavik, au Japon, en Angleterre ou en France, j'ai vécu dans des communautés dont la culture était différente de la mienne, ce qui m'a appris à prendre du recul, à observer, à me remettre en question et à développer ma capacité d'adaptation.

  • Quelle est votre plus grande réussite selon vous?

    Avoir eu mes trois enfants, et réussir à demeurer un bon mari et un bon père de famille malgré les exigences élevées de mon travail, et les compromis et sacrifices qu'il implique. C'est un véritable travail d'équipe avec ma femme, qui doit, elle aussi, conjuguer gestion des enfants, expatriation et carrière exigeante. Cet exercice d'équilibriste est rendu possible grâce à son énergie, sa créativité et son sens de l'humour. Ma vie de famille me nourrit, me garde les pieds sur terre.

Inspiration et conseils

  • Quelle est votre devise?

    Ce qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait.

  • Quel est le meilleur conseil professionnel que vous ayez jamais reçu?

    Jeune étudiant, j'ai eu la chance de rencontrer l'astronaute Steve MacLean, conférencier à mon université, où je lui ai confié ma passion pour l'espace et ma curiosité à l'égard de son métier. Il m'a donné un conseil très simple : ne surtout pas chercher à axer mon cheminement de carrière uniquement sur l'objectif de devenir astronaute, mais plutôt orienter mes choix de façon à être heureux, d'abord et avant tout. Comme ça, peu importe où la vie me mènerait, je serais heureux!

    J'ai suivi son conseil. J'ai compris que l'importance d'un rêve, c'est de fournir une direction, pas nécessairement une destination. Il faut chérir ses rêves et se laisser guider par nos idéaux, tout en restant ouvert aux possibilités qui se présentent en chemin. Surtout, il ne faut pas se considérer en situation d'échec si, à la fin, on aboutit ailleurs que prévu. Si chaque étape est une expérience positive, alors le résultat final sera le bon.

  • Pensez à un enseignant qui a eu une influence positive sur vous. Qu'a-t-il fait pour avoir cette si grande influence?

    Mon directeur de thèse de doctorat, feu Professeur John Baldwin. Il a été une sorte de second père pour moi. Au-delà de son esprit scientifique, de sa créativité intellectuelle et de sa capacité de travail hors du commun, c'était un homme exceptionnellement généreux et attentif aux autres. À ses yeux, l'équipe d'étudiants, de techniciens et de personnel de soutien qu'il dirigeait était composée de personnes, pas de numéros. Comme chef, il se sentait bien sûr responsable de leur succès professionnel, mais aussi en partie de leur bien-être personnel. Son équipe était en fait comme une famille, dont chaque membre avait les intérêts de tous à cœur et ne ménageait pas ses efforts.

  • Quelle personne vivante admirez-vous le plus? Ou qui sont vos héros dans la vraie vie?

    Je suis toujours impressionné par ceux qui doivent faire face à une extrême adversité – maladie grave, guerre, catastrophe – et qui arrivent à rester sereins malgré tout. J'admire sincèrement ceux qui démontrent de la résilience, trouvent un sens à leur vie en dépit de tout le non-sens qu'ils peuvent vivre. Rester heureux, c'est vraiment héroïque.

Ok

David Saint-Jacques répond à 10 questions amusantes en une minute! (Source : Agence spatiale canadienne.)

Transcription de la vidéo 10 questions posées à l'astronaute David Saint-Jacques

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