Discussion sur l'exploration spatiale avec les astronautes
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Publiée le 28 mai, 2021
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Discussion sur l'exploration spatiale avec les astronautes
2021-05-28 – La présidente et les astronautes de l'ASC ont parlé cette semaine avec le ministre François-Philippe Champagne d'exploration spatiale, du travail des astronautes et des retombées du domaine spatial dans notre vie. (Source : Agence spatiale canadienne.)
Transcription
François-Philippe Champagne : Bonjour, tout le monde. Ça me fait plaisir de vous accueillir aujourd’hui. On a l’opportunité d’avoir quatre astronautes avec nous aujourd’hui, certains qui sont à Houston, certains qui sont chez nous au Canada. On a aussi la responsable de l’Agence spatiale canadienne qui est avec nous, et ce que je voulais faire, c’est de vous donner la parole.
J’ai eu le privilège de leur parler ce matin pendant plusieurs minutes pour partager leurs rêves, pour partager leurs espoirs, pour partager aussi toutes les compétences que le Canada amène dans l’espace, et là, je vous voulais vous donner l’opportunité de leur poser des questions.
Jeremy, vous aurez la première question que j’ai eue pendant le weekend.
Comment l’exploration spatiale modifie-t-elle le paradigme de la vie sur Terre? Qu’est-ce que l’humanité peut apprendre des activités d’exploration spatiale?
Jeremy Hansen : Je dirais que c’est une question de perspective. Vous savez, on est allés dans l’espace pour en savoir plus sur le cosmos, mais on a vite tourné le regard vers notre planète et ensuite avec les satellites, et maintenant, on réalise que cette perspective de l’espace nous permet de comprendre notre planète pour aborder certains des défis majeurs auxquels nous sommes confrontés, comme le changement climatique, et comment mieux vivre sur notre planète. Il n’y a pas de meilleur endroit que l’espace pour prendre le pouls de notre planète, et la perspective est un élément important.
François-Philippe Champagne : Jenni, je vais vous donner la parole avec une question que vous allez trouver très intéressante. C’est celle-ci : « C’est beaucoup de travail pour devenir astronaute. Je ne suis pas astronaute, mais je comprends que ce n’est pas facile. Qui ou quoi vous a inspirée et qu’espérez-vous apprendre en allant dans l’espace? »
Jenni Sidey-Gibbons : J’adore cette question parce que je pense que c’est l’une des grandes choses que l’espace nous apporte. En fait, je suis aujourd’hui à Houston, au Texas. Je fais un vol d’entrainement dans un de nos avions d’entrainement cet après-midi. Je suis à l’aéroport et vous pouvez voir en partie derrière moi de ce que l’espace fait pour nous : c’est une source incroyable d’inspiration. Cette image de la Terre prise de l’espace est quelque chose de spécial que nous n’aurions jamais pu imaginer sans l’expertise et la technologie que nous avons développées pour aller dans l’espace.
Et ce qui m’a inspirée personnellement, c’est qu’on a la chance au Canada d’être une puissance spatiale. Dans la navette spatiale, on a eu le premier astronaute canadien, Marc Garneau. On a l’incroyable Roberta Bondar, la première femme astronaute du Canada. Je veux dire, ces modèles formidables m’ont inspirée quand j’étais jeune. Et aussi, j’aimais ça être dehors, tout simplement. J’aime le Canada. J’aime aller en Colombie-Britannique où ma famille vit maintenant, et profiter de tout ce paysage extraordinaire. Et pour moi, j’ai ressenti très fortement le lien entre cette photo, les Canadiens qui voyageaient dans cette fusée et ma maison.
Ce qui m’a le plus inspirée, c’est l’évolution des technologies qui permettent de voyager dans l’espace et leurs retombées sur Terre. Ça fait partie intégrante de notre vie moderne. J’espère que les gens le comprennent et qu’ils en sont aussi impressionnés que je l’ai été.
François-Philippe Champagne : Eh bien, Jenni, permettez-moi de poser une question à mon tour, et pour tous les jeunes, en particulier les jeunes filles qui souhaitent avoir un rêve comme le vôtre devenir réalité : Qu’est-ce qui vous a le mieux préparée à réaliser votre rêve? Vous savez, d’un côté, on voit la Terre sur votre épaule gauche, et la navette spatiale, se trouve sur le côté droit. Selon vous, comment vous êtes-vous préparée pour y arriver? Comme on dit dans les films : « À vous, Houston! »
Jenni Sidey-Gibbons : (Rires) Bien reçu! Ce qui m’a le mieux préparée, je pense, c’est mon parcours professionnel et tout ce qui me passionnait. J’ai eu la chance de trouver quelque chose que j’aimais vraiment. J’adore l’ingénierie. Ça combine à la fois la science et l’aide aux personnes; on conçoit des choses pour améliorer la vie des gens. C’est une notion qui me parle beaucoup. J’ai eu la chance de trouver ça très tôt.
Et puis, ce qui m’a le plus aidée, c’est de me faire confiance. Une fois que j’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire et que c’était la façon dont je voulais aider les gens, que ce serait là ma contribution, j’ai vraiment dû travailler pour développer le courage, la persévérance et la confiance nécessaires pour y aller à fond. Je pense que c’est ce qui m’a propulsée, avec l’aide de bien des gens, une grande équipe qui travaille ici au centre spatial Johnson de la NASA et à l’Agence spatiale canadienne, mais aussi de mentors, d’alliés et de collègues.
François-Philippe Champagne : Josh, je vais revenir à vous, mais en français cette fois.
On me dit, Josh, que vous avez d’abord servi dans les Forces armées canadiennes et que, vous aussi, vous avez été inspiré à devenir astronaute dans votre vie, mais qui vous a inspiré le plus dans votre cheminement pour devenir un astronaute aujourd’hui et qui vous inspire le plus aujourd’hui à devenir astronaute?
Joshua Kutryk : Beaucoup de personnes m’ont inspiré, bien sûr, et au passé. Mais non, en fait, enfant, j’étais fasciné par l’exploration, par la science, et pour moi, c’était toujours une question de ça, comment utiliser la science pour faire de l’exploration. Et en accordance avec ça, je me souviens que, quand j’étais jeune, j’ai voulu être comme des personnes comme Amelia Earhart et Chuck Yeager parce qu’ils remettaient en question les limites convenues à l’époque, et ça, c’était une chose qui était vraiment importante à moi.
Après ça, quand j’ai étudié comme universitaire, je me souviens que c’était Neil Armstrong. Neil Armstrong m’a marqué parce que, comme pilote, il sait appliquer sa rigueur universitaire et académique au banc d’essai pour que les humains puissent poser le pied sur la Lune. Et peut-être plus récemment, bien sûr, c’était Chris Hadfield. Chris Hadfield comme pilote d’essai, comme astronaute, mais la chose la plus importante, comme Canadien qu’il m’a bien inspiré aussi.
François-Philippe Champagne : J’aimerais parler à David Saint-Jacques, quelqu’un qui est bien connu évidemment des gens de chez nous, et David est présentement à Montréal. Vous voyez que David n’a pas aujourd’hui son uniforme d’astronaute parce que David a choisi aujourd’hui, pas juste aujourd’hui, mais pendant la crise de la COVID, de venir servir comme médecin, et je pense que ça démontre à quel point les astronautes, c’est des gens qui ont à cœur évidemment la planète, mais aussi le bien-être de tous ceux qui vivent sur cette planète.
Et la question qu’on a reçue pour vous, David, c’est une question qui est assez inspirante, je dirais. Qu’est-ce que l’humanité peut retirer de l’exploration spatiale? Et j’aimerais ajouter, avant que je vous cède la parole, de voir un peu un parallèle avec le Canada. Souvent, on parle de médecine en région, on parle de communications, c’est quoi, le parallèle entre l’espace et la Terre, vous qui avez été déjà dans l’espace, et comment vous voyez comment l’humanité peut retirer des bénéfices de ce qu’on investit dans l’exploration spatiale?
À vous, monsieur Saint-Jacques.
David Saint-Jacques : Pour moi, les bénéfices sont évidents et c’est essentiellement du fait que, aller dans l’espace, c’est excitant, c’est attrayant parce que c’est mystérieux, c’est une aventure, mais c’est tellement difficile que ça excite le plus… le meilleur du génie humain. Résoudre les problèmes de l’environnement spatial, c’est comme l’excuse qu’on a parfois besoin pour résoudre des problèmes techniques qu’on n’aurait peut-être pas par ailleurs résolus, et puis après, une fois que c’est fait, on a toute cette technologie maintenant dont on peut se servir sur Terre.
C’est vrai en particulier, par exemple, pour un domaine qui me concerne, là, le domaine médical, hein? Au Canada, on est habitué à avoir des populations qui vivent… des gens en régions très éloignées, difficiles d’accès, loin des grands centres médicaux. On désire tous avoir une meilleure livraison de services médicaux à ces gens-là. C’est le même problème que pour les astronautes dans l’espace qui sont aussi très loin de l’aide. Et donc, tout ce qu’on peut faire pour aider les astronautes à rester en santé, prendre soin de leur propre santé, c’est directement applicable sur Terre. Si on invente, je ne sais pas, moi, une machine pour faire des prises de sang directement au chevet du patient, c’est bien pour l’espace, mais c’est bien pour des millions de personnes sur Terre. Donc, cette logique-là d’appliquer la technologie de l’espace à la Terre, elle est là depuis toujours.
Mais à un niveau plus philosophique, je pense que l’exploration spatiale, ça nous amène aussi un sens de responsabilité, hein? Quand on a quitté la Terre et qu’on l’a vue, de ses yeux vue, il y a une petite boule bleue, merveilleuse, qui est cette oasis de vie impossible qui flotte dans le vide spatial. Ce qui est extraordinaire, ce qui est très impressionnant à regarder dans l’espace, c’est quand on se retourne, et là, c’est tout noir, c’est mort, et la Terre, c’est le seul endroit où on peut exister. Cette petite ligne bleue de l’atmosphère, c’est comme une brume accrochée à la Terre qui nous maintient en vie dans le vide spatial. Et je pense que c’est… l’expérience spatiale a donné à l’humanité ce sens de responsabilité envers la planète et aussi ce sens qu’on est tous là dans le même bateau, que même si les tensions politiques existent, elles sont réelles, on est capables de travailler ensemble.
François-Philippe Champagne : Je dois vous poser la dernière question qui vient de ma fille la plus jeune qui me demandait, parlant d’inconnu : est-ce que vous seriez prêt à aller sur Mars? Et est-ce que vous seriez même prêt à y dormir une nuit là-bas?
David Saint-Jacques : Oui, je serais prêt à y aller, mais je suis conscient que c’est… ça serait un énorme investissement de temps, hein? C’est des années d’entrainement, de préparation, il faudrait que j’organise ça avec tous les gens que j’aime, toute ma vie sur Terre. Mais, oui, je pense qu’on est prêts à y aller, mais c’est plus probable… Je ne sais pas quel âge elle a, votre fille, mais… est-ce qu’elle est à l’école?
François-Philippe Champagne : Quatorze (14) ans.
David Saint-Jacques : Quatorze (14) ans.
François-Philippe Champagne : Quatorze (14).
David Saint-Jacques : Voyez-vous, les êtres humains qui vont aller sur Mars, là, pour vrai, les ingénieurs qui vont fabriquer ces fusées-là, les astronautes qui vont y aller, les gens qui vont planifier les missions, les milliers de personnes impliquées, ces gens-là, ils sont nés, mais c’est prob… c’est encore des enfants, peut-être des ados, à peu près de l’âge de votre fille peut-être, mais c’est plus un rêve pour la prochaine génération. Nous, notre génération, notre devoir, c’est de rendre ce rêve-là possible parce que c’est toujours des rêves à très long terme.
François-Philippe Champagne : Mais merci, David. Merci, Jeremy. Merci, Josh. Merci, Jenni.
Parce que dans le fond, ce que vous nous dites, David, c’est qu’il faut continuer de rêver.
François-Philippe Champagne : Aujourd’hui, on parle d’une mission lunaire, on parle d’orbiter autour de la Lune pour améliorer nos connaissances pour aller plus loin, pour amener l’humanité ensemble, puis ce que j’ai aimé de votre intervention à tous – puis vous particulièrement quand vous avez dit ça –, c’est que ça donne aussi un rêve aux prochaines générations. Nous, dans notre génération, on aura réussi à faire des choses, mais ça prépare toujours la prochaine génération à imaginer plus loin, plus grand, plus haut, et c’est ça un peu le message.
Ce que je peux vous dire à tous, c’est que ça a été un privilège. J’espère que nous pourrons faire ça plus souvent. Vous savez, c’est fascinant quand on les écoute… et les rêves qu’ils inspirent. Et maintenant, la participation du secteur privé dans le domaine spatial, le fait que l’humanité se rassemble, et si on pense au plus grand défi de l’humanité, qu’il s’agisse de la santé ou du changement climatique, la science, la technologie et l’innovation mèneront à des percées. Et je pense que ce que vous avez appris des astronautes, c’est qu’on apprend beaucoup de choses dans l’espace pour améliorer notre vie sur la planète Terre.
Sur ce, Lisa, je vous laisse le mot de la fin puisque c’est vous qui dirigez l’Agence spatiale, la première femme à la tête de notre agence spatiale.
Lisa Campbell : Je suis si fière de l’équipe brillante et travaillante de l’Agence spatiale canadienne. On construit le Canadarm3 pour la station spatiale lunaire Gateway, qui permettra l’exploration habitée durable de la Lune. En échange, on aura la chance de réaliser des activités scientifiques, technologiques et opérationnelles, et d’envoyer deux de nos astronautes en mission lunaire.
C’est vraiment passionnant de faire ce travail en ce moment.
François-Philippe Champagne : Eh bien, merci à tous. Je vais maintenant me déconnecter depuis Shawinigan, et je pense que vous allez vous déconnecter, où que vous soyez.
Ce que j’aimerais vous dire, c’est « À la prochaine! », parce qu’il va y avoir une autre sortie lorsqu’on aura un ou une de nos astronautes qui sera sur cette mission-là spatiale vers la Lune.
Alors, d’ici là, je vous dis merci d’avoir été avec nous aujourd’hui.
Merci d’inspirer l’ensemble du pays, Jenni, Josh, Jeremy, David et Lisa. Et merci pour le travail formidable que vous faites pour le Canada.
Merci, tout le monde.
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