EN DIRECT – David Saint-Jacques répond aux questions d'élèves de la Nouvelle-Écosse
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Publiée le 4 mars, 2019
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EN DIRECT – David Saint-Jacques répond aux questions d'élèves de la Nouvelle-Écosse
2019-03-04 - En direct de la Station spatiale internationale, l'astronaute canadien David Saint-Jacques répond aux questions d'élèves d'écoles secondaires et de l'Université Dalhousie à Halifax, en Nouvelle-Écosse. (Sources : Agence spatiale canadienne, NASA.)
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Transcription
Alice Aiken : Je demande aux personnes qui entrent de le faire en silence et je vous remercie beaucoup de vous joindre à nous.
Je vais commencer par vous souhaiter bon matin, chers Terriennes et chers Terriens. Mon nom est Alice Aiken. Je suis vice-présidente de la Recherche et du Développement ici, à l’Université Dalhousie. Je suis ravie de vous voir en grand nombre parmi nous aujourd’hui.
Je ne sais pas si c’est la même chose pour vous, mais parfois, entamer un lundi matin peut être un peu ardu. Cette semaine, par contre, ça ne l’est pas. Ce n’est pas tous les lundis que nous pouvons participer à une discussion en direct par liaison vidéo avec un astronaute qui est dans la Station spatiale internationale. Je présume que c’est probablement la même chose pour la plupart d’entre vous aussi.
Je vais maintenant prendre quelques instants pour parler de questions de logistique. Apparemment, Dalhousie va commencer à fermer – encore une fois j’aimerais demander aux gens de garder le silence pendant qu’ils gagnent leur place. Merci.
Dalhousie va fermer à 11 h. Certains d’entre vous pourraient donc recevoir des textos. Notre activité continuera jusqu’à 11 h 45. Il n’est pas question de nous arrêter aussi tôt.
Alors, maintenant, j’aimerais tout d’abord dire un immense merci à l’Agence spatiale canadienne d’avoir fait équipe avec nous pour accueillir l’activité Demande à un astronaute ici, dans le superbe auditorium Rebecca Cohn. Sous peu, nous allons établir une liaison interactive avec la Station spatiale internationale, à partir de laquelle l’astronaute David Saint‑Jacques répondra à vos questions en temps réel.
Il y a quelques mois, certains des plus grands experts de l’exploration spatiale ont pris part à une joute intellectuelle avec des experts de l’océan sur cette scène dans le cadre du Grand débat organisé pour célébrer notre 200e anniversaire.
Dalhousie est l’endroit idéal pour des activités de ce genre. Dans notre établissement, vous pouvez explorer et chercher des réponses à certaines des questions les plus pressantes et les plus déroutantes de l’Univers et mettre le cap sur l’excellence en sciences, en technologies et dans bien d’autres domaines.
Prenons l’exemple de Kathy Sullivan, qui a été astronaute pour la NASA et la première femme américaine à marcher dans l’espace. Elle a commencé ici, à Dalhousie, en tant que candidate à un doctorat. Elle a ensuite accompli des choses extraordinaires comme participer au lancement du télescope Hubble et être administratrice de la National Oceanic and Atmosphere Administration sous la présidence de Barack Obama. Nos astrophysiciens utilisent maintenant des télescopes très perfectionnés pour scruter plus de 12 milliards d’années-lumière en arrière, pour observer la création d’une galaxie géante à la lisière de l’univers observable. Nous avons toujours été et nous demeurerons une communauté tournée vers l’apprentissage, la création et l’innovation.
J’aimerais souhaiter tout spécialement la bienvenue ce matin aux élèves qui ont pu se joindre à nous. Je sais, vu la fermeture, que nous attendons encore plus de personnes, mais bienvenue.
J’ai maintenant le grand privilège de vous présenter Josh Kutryk, qui a surpassé près de 3800 de ses pairs en 2017 pour devenir l’un des deux nouveaux astronautes de l’Agence spatiale canadienne. Il possède de l’expérience en tant que pilote d’essai dans des réactés de haute performance pour l’Aviation royale canadienne et en tant que pilote de chasse déployé en Afghanistan et en Libye. Josh suit maintenant une formation pour jouer un rôle de premier plan dans la prochaine étape de l’exploration spatiale canadienne.
Il possède des diplômes en génie mécanique, en études spatiales, en ingénierie des essais en vol et en études de la défense. Il a aussi reçu le prix Liethen-Tittle décerné au meilleur pilote d’essai de sa promotion et est diplômé de renom de l’Air Force Test Pilot School, aux États-Unis.
Accueillons-le chaleureusement par des applaudissements.
(Applaudissements généraux)
Joshua Kutryk : Tout le monde peut m’entendre? Le micro fonctionne?
Bonjour. Je vous remercie d’être là. J’aime toujours remercier les gens de s’être déplacés, surtout une journée comme aujourd’hui, compte tenu des conditions météorologiques dehors. Malheureusement, mère Nature ne nous est pas toujours favorable. Nous avons quand même beaucoup de monde et une super activité qui commencera dans environ 7 minutes. J’ai bien hâte.
Je suis Josh Kutryck, de l’Agence spatiale canadienne. Je vais vous parler de mon travail pendant quelques minutes. Pouvons-nous passer à la diapositive suivante?
Voici une photo qui montre une journée typique pour moi à Houston. Je vis et je travaille au Centre spatial Johnson à Houston et je me forme. Les gens me demandent à quoi ressemble mon quotidien et la réponse est vraiment que j’étudie beaucoup. J’ai en quelque sorte étudié toute ma vie et c’est toujours ce que je fais. Il faut aimer étudier.
Vous me voyez ici sur la photo pendant un vol d’entraînement en microgravité. Vous voyez quelques-uns de mes collègues, dont deux autres astronautes de l’Agence spatiale canadienne, Jenni Sidey‑Gibbons et Jeremy Henson. Vous voyez aussi un de nos médecins de vol et un de nos chirurgiens de vol. Bien sûr, il manque le quatrième astronaute canadien en mission actuellement, David Saint‑Jacques, un de mes bons amis. Il n’est pas sur la planète en ce moment, comme tout le monde ici le sait. Il est dans l’espace et nous allons lui parler dans environ 5 minutes.
Je regarde souvent ma montre parce que c’est une chose assez compliquée. Si vous tenez compte de la géométrie de la Station spatiale et de ce qu’elle fait, c’est une prouesse technique en soi que nous puissions établir une liaison en temps réel par tout un paquet de satellites, qui envoient le signal au centre de contrôle des missions à Houston, qui l’envoie ensuite jusqu’à Halifax, envahie par la neige ce matin, pour que nous puissions parler avec David. Si tout se passe bien – et c’est habituellement le cas – nous pourrons lui parler.
Passons à la diapositive suivante.
Voici une autre photo d’une journée typique. Nous utilisons dans cette photo une gigantesque piscine. C’est l’une des plus grandes piscines du monde. C’est à la NASA. Nous l’appelons le laboratoire de flottabilité neutre. Je passe beaucoup de temps dedans, parfois 7 heures par jour sous l’eau, pour travailler dans un environnement de microgravité. Nous utilisons une flottabilité neutre pour simuler la microgravité. C’est un travail très intéressant, très technique et, encore ici, il faut vraiment aimer apprendre et étudier beaucoup.
Je passe beaucoup de temps à faire ce genre de choses. J’y ai consacré peu de temps, par contre, cette dernière semaine. Je l’ai plutôt passée au Canada. Nous sommes venus au Canada pour parler de l’espace, pour parler avec David à des activités comme celle d’aujourd’hui, mais réellement pour parler de l’espace. Et c’est un moment particulièrement opportun, ce matin, parce que c’est une semaine très très captivante pour le secteur spatial canadien. Les personnes présentes aujourd’hui suivent probablement beaucoup ce qui se passe dans l’espace, mais la dernière semaine a été formidable pour nous. Il y a quelques jours, il y a eu le tout premier lancement et amarrage à la Station spatiale internationale d’un véhicule spatial commercial pouvant transporter des êtres humains. Cela va énormément changer la donne. Je me suis levé à 3 h du matin pour voir cela. Je me suis levé à 3 h du matin pour voir ce lancement parce que, comme j’aime le préciser, des choses comme ça font pour moi ce que je pense que l’exploration spatiale fait pour nous tous et a toujours fait pour nous tous. Elles nous inspirent et, fondamentalement, il y a des choses que nous avons toujours présumées impossibles qui deviennent soudainement possibles lors de ce genre de première. Donc, j’aime dire que nous réalisons l’impossible, que l’impossible devient possible.
Bien sûr, avant ce lancement la semaine dernière, notre premier ministre est venu nous visiter à Montréal. Il a annoncé que le Canada allait participer au projet « Gateway ». Ce projet est probablement la plus ambitieuse, audacieuse et palpitante mission d’exploration jamais entreprise par l’humain dans toute l’histoire de notre espèce. Et on a annoncé la semaine dernière que le Canada sera un partenaire principal de ce projet. Cela signifie que le Canada retourne vers la Lune avec la NASA et cela se produira au cours des 10 prochaines années. Donc, c’est une période vraiment extrêmement captivante. Cette annonce, pour moi – et je pense pour tout le Canada – c’est vraiment une vision pour notre secteur aérospatial. C’est un défi et une occasion formidables.
S’il y a des personnes ici intéressées à travailler dans l’espace dans l’avenir, comme ingénieur, médecin, scientifique, et même astronaute, l’avenir est extrêmement reluisant. Les choses évoluent extrêmement rapidement.
Prochaine diapositive.
Parlons à nouveau de David. David est dans l’espace. Il y a environ trois mois – en fait ça fait trois mois – il s’est rendu à Baïkonur. Voici la fusée qui l’a propulsé dans l’espace. J’adore cette image parce qu’on voit le drapeau canadien battant fièrement au vent. Les gens, je pense, ne réalisent pas complètement à quel point le Canada est rendu loin. Nous sommes extrêmement fiers de notre histoire dans l’espace et les prochains chapitres de cette histoire seront des plus reluisants.
Nous avons toujours été un joueur très important sur la scène spatiale internationale. Nous avons toujours fait équipe avec les grandes puissances spatiales du monde. Vous pouvez voir, ici, qu’il n’y a pas beaucoup de pays qui envoient des humains dans l’espace, littéralement en dehors de la planète. Le Canada est l’un d’entre eux et je pense que c’est cela qui est si spécial. C’est tellement spécial de regarder cette photo et de voir le drapeau marquer symboliquement notre place dans le monde pour ce qui est de l’espace.
Nous avons encore 2 minutes devant nous. Je vais vous montrer une vidéo. Ce sont des images du lancement de David il y a trois mois. Vous le verrez monter dans la fusée, l’habillage final, la façon de s’attacher et finalement le décollage de la fusée.
J’ai eu l’immense privilège d’être sur place. C’est un événement très très particulier à voir. Quand on y assiste en personne, on voit de nos propres yeux à quel point le vol spatial est extraordinaire, à quel point c’est toujours difficile et à quel point c’est rare.
Voici une fusée Soyouz qui décolle de Baïkonur, au Kazakhstan. Dans cette fusée, David a accéléré à 50 kilomètres/heures par seconde. C’est comme accélérer jusqu’à la la vitesse de croisière d’une voiture chaque seconde pendant 9 minutes. Ça vous donne une idée.
Ok, donc, écoutez différentes choses et nous allons faire un test audio dans une minute. Don Pettit, capcom. Je suis content de vous voir Don.
Donnez-moi une seconde.
Houston ou Station, Halifax est prêt pour l’activité. Est-ce que quelqu’un m’entend? Ça va fonctionner. Donnez-nous une minute. Court délai, OK. Que faites-vous sur scène quand on vous dit qu’il y a un court délai? (rires)
J’adore parler de l’espace. Ce n’est pas la Station spatiale internationale. C’est le centre de contrôle des missions à Houston. Voici l’astronaute Don Pettit, au poste de capcom. C’est une fonction que j’assume parfois là-bas. C’est lui qui parle aux astronautes dans l’espace. Derrière lui vous pouvez voir une petite section de…
(Début d’une conversation entre Houston et la Station spatiale internationale)
(Applaudissements généraux)
David Saint-Jacques : Houston, ici la Station. Je suis prêt.
Femme non identifiée : Agence spatiale canadienne, ici le Centre de contrôle des missions à Houston. Veuillez appeler la Station pour faire un test audio.
Joshua Kutryck : Station, bien. Josh Kutryck, de l’Agence spatiale canadienne, qui appelle de Halifax, Nouvelle-Écosse. Vous m’entendez?
David Saint-Jacques : Bonjour Josh. C’est David. Je vous entends très bien. Et vous?
Joshua Kutryck : Bonjour David. Je suis content de vous parler. Je vous entends très bien aussi. Nous vous appelons de Dalhousie ce matin, à Halifax, Nouvelle-Écosse. J’aimerais que vous puissiez voir la température ici. C’est un véritable blizzard. On voit à environ 6 pieds devant soi sur le trottoir. Mais nous avons quand même rempli un auditorium de jeunes gens qui ont très hâte de vous parler, donc sans plus tarder…
(Applaudissements généraux)
Joshua Kutryck : Allons au but de notre appel.
Shanna Francis : Bonjour. Je m’appelle Shanna Francis et voici ma question. Pourquoi était-il important pour vous d’inclure les peuples et la culture autochtones dans votre voyage dans l’espace?
David Saint-Jacques : C’est tout d’abord parce que j’ai passé une partie de ma carrière professionnelle à travailler avec des Autochtones. J’ai été médecin de famille dans le nord du Québec dans des communautés inuites. Ils font partie de ce que je suis et comme j’ai apporté ici à la Station spatiale internationale une petite partie de tous les endroits où j’ai été, je voulais apporter une partie, cette partie de ma culture, qui est un peu autochtone.
Au-delà de cela, je pense aussi qu’une chose que la plupart des cultures autochtones ont en commun avec notre culture ici, dans l’espace, c’est un profond respect pour la Terre-Mère et une façon de voir la Terre non pas comme médecin, mais comme quelqu’un qui voit une chose dont il faut prendre soin. Je pense que ça cadre bien avec notre culture ici en haut.
Shanna Francis : Merci (mots en langue autochtone).
(Applaudissements généraux)
Participante non identifiée : Qu’est-ce qui est le plus difficile dans la profession d’astronaute?
David Saint-Jacques : Eh bien, vous savez, tout est un défi. Vous pouvez demander à Josh. Il suit l’entraînement en ce moment. À cette période de ma vie, j’avais l’impression qu’on me demandait de repousser constamment mes limites.
Mais la chose la plus difficile, peut-être, est de gérer son propre temps et de gérer sa propre énergie parce qu’on ne peut pas tout faire à la perfection. On doit décider où on concentre ses efforts. Et ce qui est plus difficile encore, c’est d’essayer de faire ça tout en gardant son équilibre. J’ai toujours trouvé que le plus important et peut-être le plus difficile dans la vie, c’est de garder son équilibre parce que c’est seulement lorsqu’on atteint cet état d’équilibre qu’on peut donner la pleine mesure de soi-même. Si la vie professionnelle va bien, la vie personnelle, les amis, la famille, la santé, si tout va bien, c’est là qu’on va être le plus efficace. Mais ce n’est pas facile d’y arriver.
Participante non identifiée : J’ai une autre question. Est-ce qu’à un moment ou l’autre de votre vie vous avez remis en question votre décision d’aller dans l’espace?
David Saint-Jacques : Vous savez, je peux avoir l’air d’avoir beaucoup de confiance en moi, mais je suis tout le temps en train de douter parce que tout ce que nous faisons ici est si difficile et si dangereux. Je me dis constamment qu’il faut que je me concentre plus, que je fasse mieux, que je dois me pousser encore plus.
Donc oui, j’ai des doutes régulièrement, mais je sais que ça vaut les efforts et que ça vaut la peine. En fait, je décide toujours. Chaque jour je décide de continuer.
Participante non identifiée 2 : Je pose cette question pour Deborah Toney de la Première Nation d’Annapolis. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris pendant votre voyage jusqu’à maintenant?
David Saint-Jacques : Vous savez, ce qui m’a impressionné, le premier jour et encore chaque jour, même après trois mois ici, c’est à quel point notre planète Terre est superbe et incroyable. Nous déployons beaucoup d’énergie pour venir dans l’espace, mais la première chose qu’on veut faire est de regarder en arrière la superbe Terre-Mère. Chaque fois que j’ouvre le volet qui ferme la baie vitrée de la Station spatiale et que je regarde la Terre, je la trouve incroyablement belle, mais aussi forte. Elle l’est, mais en même temps, bien sûr, nous pouvons l’endommager. Ça me fait prendre conscience que nous devons faire très attention, être très responsables pour prendre soin de notre environnement.
Mais la beauté et la grâce de notre planète sont ce qui me surprend chaque jour.
Participant non identifié : Bonjour. Mon nom est Jaimie et je viens de Repentigny. Voici ma question. Sur quels projets scientifiques travaillez-vous pendant votre mission?
David Saint-Jacques : Nous faisons beaucoup d’expériences ici. La Station spatiale est un laboratoire en orbite. Des milliers d’expériences ont été faites depuis le début du programme et environ quelques centaines sont en cours actuellement.
La plupart portent sur la recherche dans les domaines médical et biomédical parce qu’aller dans l’espace a un effet négatif sur le corps humain. L’effet négatif ressemble à une maladie que quiconque peut contracter sur Terre, sauf qu’ici, elle progresse très rapidement.
Donc sous prétexte d’aider les astronautes, si vous voulez, nous pouvons faire progresser la médecine de façon très efficace en travaillant ici. Nous sommes les parfaits cobayes pour la recherche médicale.
Participant non identifié : Merci.
Participante non identifiée 3 : Voici ma question. Qu’est-ce qui vous manque le plus à propos de la Terre, à part les amis et la famille?
David Saint-Jacques : Bien sûr, les amis et la famille sont ce qui me manque le plus. Mais je m’ennuie aussi de ne pas pouvoir aller dehors quand je le souhaite. Ici, je suis toujours dans la station. Chaque sortie dans l’espace est toute une épopée. Organiser une sortie dans l’espace dans notre combinaison est très compliqué. Nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons.
Voilà. Aller dehors et apprécier le vent, l’air frais sur mon visage, le soleil sur ma peau. Ce sont des choses qui me manquent. Et il y a aussi l’océan. Plonger et nager dans l’océan sont des choses qui me manquent.
Participant non identifié 2 : Bonjour. Voici ma question. Pouvez-vous voir une planète?
David Saint-Jacques : D’ici, bien sûr, nous pouvons voir la Terre. Nous pouvons aussi voir le Soleil. Il ressemble à ce que nous voyons sur Terre, sauf qu’ici le ciel est noir même quand nous sommes exposés au Soleil. C’est un peu étrange. Mais les vraies planètes : nous pouvons voir les mêmes que vous pouvez voir de la Terre. Nous voyons bien Vénus, Saturne et Mars. Elles ont l’air un peu similaires, par exemple les petits disques d’une certaine couleur, mais elles sont différentes ici parce qu’elles ne scintillent pas. Les étoiles ne scintillent pas ici, tout comme les planètes.
L’une des plus belles choses que nous pouvons voir dans le ciel, je pense, est la Lune. Nous tournons si vite autour de la Terre : 16 fois par jour. Donc la Lune se lève et se couche 16 fois par jour. Je trouve cela simplement superbe de voir la Lune se lever sur l’horizon bleu de la Terre, puis se coucher environ 45 minutes plus tard. C’est magnifique.
Participant non identifié 2 : Merci.
Pratisha : Bonjour. Mon nom est Pratisha. Je suis de Dalhousie. Voici ma question. À votre avis, quel devrait être le rôle du Canada en matière d’exploration spatiale dans l’avenir?
David Saint-Jacques : C’est une bonne question qui porte sur l’avenir. Vous avez probablement entendu l’importante annonce faite la semaine dernière que le Canada va se joindre au groupe de partenaires internationaux qui ont construit la Station spatiale pour passer à l’étape suivante et bâtir une sorte de station spatiale autour de la Lune pour apprendre à vivre encore plus loin de la Terre. Ce sera comme un tremplin pour aller ensuite sur Mars un jour.
Je pense que le rôle du Canada en matière d’exploration spatiale est excellent. Nous devrions être très très fiers de nos réalisations avec le Canadarm et le Canadarm2. Nous avons fait d’immenses contributions à l’avancement des connaissances et de l’exploration et je pense que notre pays, c’est le genre de pays que je veux donner à mes enfants. C’est un pays fier et intelligent qui est à l’avant-garde de l’exploration. L’exploration spatiale est pleine d’avenir pour nous. C’est là que nous allons en apprendre beaucoup sur nous-mêmes et sur notre planète. Nous allons faire beaucoup de découvertes scientifiques et, aussi, c’est dans l’espace que nous allons être capables de protéger notre planète et de mieux prendre soin de la Terre.
Barnavus Lee : Bonjour. Mon nom est Barnavus Lee. Voici ma question. Dans quel fuseau horaire vivez-vous? Souffrez-vous du décalage horaire quand vous arrivez dans la Station spatiale internationale?
David Saint-Jacques : Oui, nous vivons un décalage horaire. Le fuseau horaire dans lequel nous vivons est un choix arbitraire. Nous avons décidé de vivre dans le fuseau appelé temps moyen de Greenwich. Il correspond à l’heure à Londres en Angleterre. Donc nous sommes à mi-chemin presque entre Houston et Moscou – les deux grands centres de contrôle. C’est notre fuseau horaire. En ce moment, il est 15 h 10. Voilà.
Donc oui, nous vivons un décalage horaire parce que lorsque nous décollons du Kazakhstan dans une fusée Soyouz, il est trois heures plus tard. À notre arrivée à la station, il y a donc trois heures de différence. Nous vivons un certain décalage horaire aussi quand nous devons nous lever très tôt pour une mission spéciale, par exemple, ou encore pour rentrer sur Terre. Nous devons normalement changer notre horloge interne. Ça ressemble beaucoup à du décalage horaire.
Participante non identifiée 4 : Y a-t-il une chanson que vous aimez particulièrement écouter dans l’espace?
David Saint-Jacques : J’aime beaucoup de sortes de musique, mais celle que j’aime le plus est celle que mes amis me recommandent. Donc, ici, je peux recevoir de la musique de mes amis et de mes frères et c’est ce que j’écoute. J’écoute les suggestions de musique de mes amis. Je pense que c’est une belle façon de partager des émotions en partageant la musique.
Participant non identifié 3 : À quoi ressemblent le Soleil, la Lune et les étoiles? Ont-ils une apparence différente de celle observable sur Terre?
David Saint-Jacques : Oui, ils sont un peu différents. La plus grande différence, quand on regarde le Soleil de l’espace, il a la même apparence. C’est une lumière jaune très brillante, mais le ciel autour du Soleil dans l’espace n’est pas bleu. Il est noir. Même quand on ne voit plus le Soleil, le ciel est noir. C’est une très grosse différence.
Passons aux étoiles. Elles ont une apparence similaire. Elles sont au même endroit, mais elles sont comme gelées. Elles ne scintillent pas du tout. Le scintillement que nous voyons de la Terre est causé par l’atmosphère de la Terre qui rend les étoiles un peu floues. Ici, il n’y a pas d’atmosphère entre nous et les étoiles. Elles sont donc claires comme de l’eau de roche, presque comme des points gelés.
La Lune ressemble beaucoup à ce que vous voyez du sol, de la Terre.
Participant non identifié 4 : Bonjour David. Je suis de (inaudible). Je suis en 4e année. Voici ma question. Que pensez-vous des vols spatiaux commerciaux?
David Saint-Jacques : C’est une bonne question, qui est tournée vers l’avenir.
Vous l’avez peut-être lu dans les journaux, mais il y a eu une première hier. C’était la première fois qu’un vaisseau spatial commercial conçu pour transporter des astronautes se rend jusqu’à la Station spatiale internationale. On l’a nommé le Dragon. Il a été conçu par la compagnie SpaceX. Il n’y avait personne à bord, à part un mannequin, parce il s’agissait d’un test. Mais bientôt, ils vont amener des gens dans la Station spatiale.
Je pense que c’est une belle avancée. C’est un peu comme, il y a près de 100 ans, lorsqu’on a inventé l’aviation. C’était risqué et seulement les gouvernements avaient le droit de voler dans les airs. Puis à mesure que la technologie a évolué, c’est devenu très très courant. De nos jours, bien des gens peuvent piloter des avions et nous considérons que c’est sécuritaire. Je pense qu’un jour, grâce à des entités commerciales, l’espace deviendra plus abordable et plus courant.
Sarah Prosper : Bonjour David. Mon nom est Sarah Prosper. Je suis de la Première Nation Eskasoni. Je vais vous poser une question au nom de Lauren Sylliboy, de la Nation Eskasoni. La voici. Est-ce que l’espace a une odeur? Est-ce chaud ou froid dans l’espace?
David Saint-Jacques : Alors oui, l’espace a une odeur. Nous pouvons la sentir quand un nouveau véhicule s’amarre à la Station spatiale. Il s’amarre dans un compartiment qui est vide, un peu comme une écoutille ou encore l’espace entre deux portes dans une maison, l’hiver. Cette partie de la Station spatiale était dans l’espace avant. Une fois que le véhicule s’est amarré, nous pouvons ouvrir la porte intérieure après avoir rempli l’espace d’air. Nous ne mettons pas notre visage dans un vide. Mais nous pouvons sentir l’espace.
Quand un astronaute revient d’une sortie dans l’espace, aussi, il rapporte cette odeur avec lui. C’est un peu non pas comme une odeur de brûlé, mais plutôt de métal chaud. Ça sent le métal chaud, un peu comme un grille-pain à sa première utilisation. Quelque chose comme ça. C’est une odeur étrange, mais très particulière.
Et chaud ou froid? La réponse est que ça dépend. Tout dépend si on est exposé au Soleil ou à l’ombre. Si on est exposé au Soleil, c’est terriblement chaud : des centaines de degrés. Si on est à l’ombre, c’est terriblement froid : plusieurs centaines de degrés sous zéro.
Prenons la Lune comme exemple. Du côté sombre, il fait environ -200 et du côté ensoleillé, +200. C’est la même chose pour la Station spatiale. Il y a un côté qui est exposé au Soleil et un côté qui est à l’ombre. Il y a une petite différence de température. Vous pouvez donc imaginer que ça pose un gros défi pour les personnes qui conçoivent un vaisseau spatial. Elles doivent veiller à ce qu’il ne se déforme pas lorsqu’il est soumis à ces températures.
Alice Aiken : Bonjour Dr Saint‑Jacques. Mon nom est Alice Aiken. Je suis vice-présidente de la Recherche et de l’Innovation ici à Dalhousie.
Je vais vous poser une question au nom de la jeune Larissa Michael, de Wayoba, qui n’a pas pu venir ce matin. Elle voulait savoir ceci : Parmi toutes les formations que vous suivez pour devenir astronaute, qu’avez-vous trouvé le plus utile, maintenant que vous êtes là‑bas?
David Saint-Jacques : Le plus utile… En fait, tout finit par servir, vous savez. J’ai la chance d’avoir une éducation très diversifiée et tout a été utile. Je pense que le plus utile, ce sont les conseils qu’on reçoit de ses parents, des enseignants au primaire, sur le fait qu’il faut être responsable et fiable. Ce sont les plus importantes choses pour quiconque, mais pour un astronaute, c’est important d’être une personne digne de confiance. On a le droit à l’erreur. Tout le monde peut faire des erreurs, mais le plus important est d’être fiable.
Donc, la plus importante chose, peut-être, je pense, c’est chaque fois dans ma vie qu’une personne m’a aidé à devenir une personne responsable. Chacune de ces personnes m’a aidé.
Olivier Lefebvre : Bonjour, Monsieur Saint-Jacques. Olivier Lefebvre. Je suis journaliste à la télévision de Radio-Canada à Halifax. Je vais vous poser une question en français : J’aimerais ça savoir -- bonjour; comment est-ce que l’annonce de la participation du Canada au projet Gateway lunaire peut donner des espoirs, mais aussi des opportunités aux jeunes présents aujourd’hui de travailler dans le domaine de l’espace?
David Saint-Jacques : Ce qui est extraordinaire avec les programmes spatiaux c’est que c’est des programmes à très, très long terme. Les décisions qu’on a prises de s’engager dans le Gateway et puis de continuer dans l’exploration spatiale c’est des décisions pour nos enfants. Les ingénieurs qui vont travailler sur les missions vers la lune puis après ça les missions vers Mars, peut-être; les astronautes qui vont être -- tous ces gens-là, c’est des enfants en ce moment; hein? Moi, ce n’est pas -- moi, je suis trop vieux. Je vais être peut-être un professeur pour astronautes dans ce temps-là, mais c’est des rêves pour nos enfants. C’est ça qui est extraordinaire.
Donc, il y a plein d’opportunités. Moi, je dis toujours aux jeunes : Il faut rêver grand. Il faut avoir des rêves fous. Ce n’est pas grave si le rêve paraît impossible. L’important c’est d’avoir un rêve, parce qu’un rêve, c’est comme une destination. C’est -- ça vous donne une direction où aller. Ce n’est pas grave si on ne se rend pas à la destination, mais l’important c’est d’avoir une direction, comme ça on sait à chaque jour ça nous aide à prendre des décisions dans la vie. Puis si la vie change et on arrive ailleurs, ce n’est pas grave. Mais des grands rêves comme ça de participer à l’exploration spatiale, je pense que c’est la capacité de motiver les jeunes, parce que ça fait rêver tout le monde.
Joshua Kutryck : Ok, David. C’est de nouveau Josh. Nous vous remercions beaucoup de nous avoir accordé du temps dans votre horaire. Au nom de toutes les personnes ici en Nouvelle-Écosse ce matin, j’aimerais sincèrement vous dire merci. Nous avons vraiment apprécié ce moment et je pense qu’on arrive vers la fin de la petite période où il était possible de communiquer avec vous.
David Saint-Jacques : Merci beaucoup, Josh. Merci à tout le monde. Je vous souhaite de passer du bon temps sur la Terre. Prenez-en bien soin. Je vais prendre de bonnes photos de vous et j’ai bien hâte de revenir sur Terre.
Joshua Kutryck : Merci David.
(Applaudissement général)
Alice Aiken : Ok. C’était vraiment cool, n’est-ce pas? Allez! C’était génial!
(Applaudissement général)
Alice Aiken : Merci Josh. Je veux tous vous remercier d’être venus ici malgré la neige. Je pense que nous pouvons convenir que c’était un lundi matin hors de l’ordinaire. Ce que j’aimerais faire est d’inviter toutes les personnes qui ont posé une question à revenir sur la scène pour se faire photographier avec Josh. Merci à tout le monde.
Joshua Kutryck : Merci beaucoup.
Alice Aiken : Merci. C’était vraiment captivant.
Joshua Kutryck : Je suis vraiment content que ça ait fonctionné.
Alice Aiken : Oui, je pense que j’étais censée vous remercier plus que ça, mais je suis encore emballée.
Joshua Kutryck : Vous n’avez pas besoin de me remercier plus que je ne l’ai fait.
Alice Aiken : (rire)
Joshua Kutryck : Je devrais vous remercier d’avoir accueilli cette activité.
Alice Aiken : Alors…
(Applaudissement général)
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