Quand les satellites nous aident à rester en santé
Les satellites d'observation de la Terre (OT) sont utilisés pour obtenir des données essentielles sur des conditions environnementales et climatiques pouvant affecter la santé des Canadiens.
Publié au printemps , l'ouvrage Earth Observation, Public Health and One Health (en anglais seulement) est le fruit de la collaboration entre l'Agence de la santé publique du Canada et l'Agence spatiale canadienne, avec la contribution d'experts internationaux.
On y démontre par divers exemples comment les images d'OT permettent d'étudier les facteurs qui peuvent influencer la présence de conditions susceptibles de causer des problèmes de santé publique.
Maladie de Lyme
Selon les scientifiques, avec le réchauffement du climat, la propagation des tiques et le risque connexe de contracter la maladie de Lyme vont augmenter au Canada. Bien entendu, les tiques sont invisibles depuis l'espace. Toutefois, il est possible d'observer et d'évaluer les effets des changements climatiques sur leur habitat à l'aide d'images satellitaires.
Les tiques à pattes noires sont porteuses de la bactérie qui cause la maladie de Lyme. Présentement, elles sont recensées en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Comme elles favorisent la propagation de cette maladie, surveiller les endroits où elles peuvent survivre et s'établir est une question de santé publique.
Des chercheurs de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) ont produit depuis les 15 dernières années des cartes de risque d'exposition aux tiques. Les données satellitaires ont fourni les informations nécessaires sur la température au sol et sur l'habitat des tiques pour la création de cartes de leur répartition géographique au Canada.
Les chercheurs ont constaté que les tiques progressent vers le nord en raison du réchauffement planétaire. Les régions éloignées comme les régions densément peuplées sont balayées régulièrement par des satellites. Grâce aux données collectées sur les conditions de l'habitat des tiques, il est possible de suivre l'évolution de leur propagation. Les experts de l'ASPC peuvent ainsi informer le public sur le risque d'exposition à la maladie de Lyme, en particulier dans les zones boisées.
Malaria
De grands progrès ont été réalisés en matière de santé publique depuis une vingtaine d'années dans le monde pour réduire le risque de contracter la malaria (le paludisme) transmise par des moustiques.
L'OT par satellite contribue à la lutte contre la propagation de cette maladie. Elle permet de recueillir des données sur les facteurs environnementaux qui peuvent avoir un impact sur les cycles de transmission de la malaria et sur les populations à risque.
Grâce à ces données, les scientifiques peuvent analyser les relations importantes entre le climat et la malaria, et utiliser des images détaillées pour évaluer les effets de l'agriculture, de l'expansion des villes, de la diminution du couvert forestier et de la gestion des ressources en eau sur la propagation de la maladie.
De missions satellitaires récentes, notamment la mission de la Constellation RADARSAT, favorisent l'amélioration des observations et l'obtention plus fréquente d'images à haute résolution des zones à risque de présence de moustiques vecteurs de la malaria. En effet, ces zones sont caractérisées par un microclimat, un sol et une végétation particuliers. En rendant possible la localisation de ces zones, les données d'OT peuvent indiquer la présence éventuelle de moustiques.
Les autorités de la santé publique et les spécialistes de l'OT produisent des cartes fiables des risques à partir de données satellitaires. Ces outils sont largement accessibles, et les municipalités, par exemple, s'en servent pour renseigner la population sur les zones à risque.
COVID-19
Tout au long de la pandémie de COVID-19 et de la période d'application de mesures strictes de santé publique, les satellites d'OT sont devenus une ressource fiable pour évaluer l'évolution rapide des changements et des impacts environnementaux et socioéconomiques. Les instruments de télédétection ont fourni un flux ininterrompu et fiable de données géospatiales pour surveiller les activités – ou l'absence d'activités – à l'échelle locale, régionale, nationale et internationale. Leur principal avantage est qu'ils peuvent fournir des images à répétition, ce qui permet de suivre l'évolution des changements sur l'ensemble du globe. De plus, les images d'un même capteur peuvent être comparées entre elles. Les spécialistes de l'OT et de la santé publique se sont servis de ces données de manière innovante, par exemple pour surveiller la qualité de l'air et pour fournir aux autorités civiles des renseignements leur permettant de cibler les populations vulnérables et d'estimer la densité et la mobilité de la population.
Les organismes nationaux et internationaux ont tiré plusieurs leçons importantes pendant la pandémie. L'OT peut fournir rapidement des données géospatiales détaillées sur la qualité de l'air, ce qui permet de mieux comprendre les pandémies de maladies respiratoires comme la COVID-19 et de mieux prévoir la gravité des symptômes chez les malades. Grâce à l'OT, on peut disposer de connaissances pratiques et informer le public sur l'évolution d'une pandémie. Dans les prochaines années, la recherche sur la collecte et la conservation des données d'OT sera essentielle pour que les décisions dans le secteur de la santé publique soient basées sur des faits et que les décideurs soient en mesure de planifier les futures phases d'intervention et de rétablissement en cas de pandémie.
Maladies causées par la pollution de l'air
Considérée comme l'un des principaux risques pour la santé dans le monde, la pollution atmosphérique est devenue la première cause environnementale de décès prématurés à l'échelle mondiale.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, neuf personnes sur dix sur la planète respirent un air qui contient des niveaux élevés de polluants. Les habitants des zones à forte densité de population sont plus à risque d'être exposés à la pollution atmosphérique puisque, dans ces endroits, elle est très concentrée et qu'il n'y a pas assez d'espaces verts pour l'atténuer.
L'exposition à long terme à l'air pollué peut mener, entre autres, à une espérance de vie écourtée, à des infections des voies respiratoires, à des maladies pulmonaires obstructives chroniques, à des accidents vasculaires cérébraux, à des crises cardiaques et même au cancer des poumons.
L'OT par satellite permet :
- de détecter la présence, la distribution et la densité de smog, de dioxyde d'azote et d'ozone;
- de détecter les feux de forêt et de soutenir les activités de surveillance des feux de forêt et de la pollution atmosphérique qu'ils causent;
- d'établir les valeurs quotidiennes de la cote air santé du gouvernement du Canada qui vise à aider les citoyens à comprendre les effets de la qualité de l'air sur leur santé.
C'est ainsi que des satellites aident les experts à repérer les sources de pollution de l'air, à déterminer le déplacement des polluants à travers les régions, les pays et les continents, ainsi qu'à surveiller et à étudier la qualité de l'air sans interruption ou presque.
Les prévisionnistes fournissent quotidiennement au public des cartes de la qualité de l'air basées sur des données satellitaires et des modèles. L'information sur le moment et l'endroit où la pollution atmosphérique constitue un danger pour la santé publique est devenue une partie importante des rapports et prévisions météorologiques courants.
La valeur des cartes thermiques par satellite, des indicateurs locaux de la qualité de l'air et des services de prévision est particulièrement évidente lorsqu'il s'agit de détecter et de surveiller les feux de forêt saisonniers. Ces derniers ont de graves conséquences, notamment sur les moyens de subsistance de nombreux Canadiens et Canadiennes. En outre, la fumée des feux de forêt a souvent un impact sur beaucoup de gens à des centaines, voire à des milliers de kilomètres de distance. La mission GardeFeu, actuellement en développement, renforcera d'ailleurs la capacité du Canada à surveiller les feux de forêt au pays dès .
Qu'elle serve à informer le public sur le risque d'exposition à la maladie de Lyme, à recueillir des données sur les facteurs environnementaux ou climatiques susceptibles d'avoir un impact sur les cycles de transmission de la malaria ou à repérer les sources de pollution de l'air, l'observation de la Terre par satellite est aujourd'hui un outil précieux pour nous aider à protéger notre santé.
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